Selon l’OMS, près de deux années d’espérance de vie pourraient être gagnées dans les villes les plus polluées d’Europe si la qualité de l’air était ramenée aux niveaux préconisés. C’est dire si l’enjeu est de taille : comment améliorer la qualité de l’air en ville ? Parmi les solutions avancées, l’interdiction d’accès aux centres-villes des véhicules les plus polluants.
Le retour de la pastille verte ?
L’une de ces mesures vise à bannir des centres-villes les véhicules les plus polluants ainsi que de leur interdire la route lors des pics de pollution. Le ministère assure qu’il ne s’agit pas là du retour de la pastille verte(2) . Ce système, mis en place en 1998 par le gouvernement Jospin et matérialisé par un autocollant à apposer sur son véhicule, visait à distinguer les véhicules les moins polluants. Ces derniers étaient les seuls à être autorisés à rouler pendant les pics de pollution. La mesure a été abandonnée dès 2003, jugée discriminatoire.
Pourtant, les critiques et notamment l’association 40 millions d’automobilistes dénoncent une pastille verte déguisée.
Pour Daniel Quéro, président de l’association : « La pastille verte est une mesure discriminatoire qui renforce l’idée d’une exclusion sociale des plus modestes qui n’ont pas les moyens financiers de renouveler leur véhicule ». Pour lui, d’autres moyens sont à privilégier : « la solution aux émissions polluantes se trouve bien évidemment dans le renouvellement du parc automobile. Lorsque l’on veut encourager, on doit donner une prime. Toute solution de répression et de clivage social serait une erreur ».
À l’heure actuelle, les mesures annoncées par le Gouvernement sont plutôt floues. Quels véhicules seront considérés comme polluants ? Lesquels seront « vertueux » ?
Vignette antipollution, l’exemple allemand
En Allemagne, le système des vignettes antipollution est à l’essai depuis le 1er mars 2008, dans 10 villes : Hanovre, Berlin, Cologne, Ilsfeld, Leonberg, Ludwigsburg, Mannheim, Schwäbisch-Gmünd, Stuttgart, Tübingen.
On peut donc y apercevoir trois types de vignettes sur les pare-brises des voitures, définies en fonction de la quantité de particules émises par chaque véhicule.
photo : carfree.fr
La vignette verte est attribuée bien sûr aux véhicules les moins polluants. Les autres se répartissent en deux catégories, jaune et rouge. Les véhicules les plus polluants n’ont droit à aucune vignette.
Le système a été mis en place il y a déjà cinq ans. Ce sésame permet aux automobilistes qui roulent à bord des véhicules les plus propres d’accéder aux zones protégées, les Umweltzonen, les zones à faible émission. L’Allemagne en compte aujourd’hui une cinquantaine. Les véhicules n’arborant pas de vignette environnement et qui circulent quand même dans l’une de ces zones risquent une amende de 40 euros.
En France, le sujet fait débat. Si la vignette antipollution paraît discriminatoire pour les uns, elle s’avère une solution presque inévitable pour d’autres : « Il faut rapidement interdire les centres-villes les plus fréquentés aux véhicules les plus polluants et le principe de l’écopastille est une bonne idée, estime le porte-parole de France Nature Environnement, Benoît Hartmann. Il a été adopté à Berlin, où la ville n’accepte plus dans son hypercentre que les voitures les plus propres. »
Et vous, que pensez-vous d’un système limitant l’accès aux centres-villes aux véhicules les plus propres ?