Atteindre l’autonomie énergétique : le Graal ?

Être plus autonome en énergie ou moins dépendant est sans doute souhaitable. Mais est-ce réaliste ? Est-ce nécessairement vertueux économiquement ou d’un point de vue environnemental ? Quels sont les objectifs atteignables et les moyens disponibles ? L’autonomie énergétique, ça suppose quoi ?

Rédigé par Bernard Pierré, le 11 Jan 2022, à 14 h 48 min
Atteindre l’autonomie énergétique : le Graal ?
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L’autonomie énergétique est souvent mise en avant comme un principe vertueux et invite à auto-produire une partie au moins de son énergie.  La réglementation s’est assouplie et permet voire encourage désormais l’autoconsommation.  Les dispositifs incitatifs et les technologies évoluent rapidement. Avant de se lancer dans un projet, il est important de clarifier les notions afin de bien définir ses objectifs.

L’autonomie absolue, peu réaliste et pas forcément souhaitable

L’autarcie (ou autonomie absolue) consiste pour un groupe humain sur un territoire géographiquement défini à vivre seulement de ses propres ressources et à subvenir à tous ses besoins.
Concernant uniquement le sujet énergétique ramené à un ménage, cela consisterait à « produire » toute l’énergie nécessaire à la famille sans dépendre d’aucun échange extérieur. Avec à la clé, la disparition de la facture d’électricité !

Cela supposerait donc que l’on soit capable d’extraire, produire, transformer avec ses propres moyens toutes les formes d’énergie dont on a besoin au quotidien : essence, fuel, gaz, électricité pour les besoins de chauffage, cuisson, transports, bricolage, etc.
Et aussi la nourriture puisque c’est l’énergie dont a besoin votre organisme !

autonomie énergétique

Même avec un haut niveau de performance, un bâtiment peut difficilement être autonome en énergie et fonctionner sans source d’énergie extérieure © avring

Cela suppose aussi qu’elles soient mises à disposition « au bon moment ». Ce qui est particulièrement difficile pour l’électricité ou la chaleur ! Difficiles à stocker massivement sur le long terme, elles doivent être disponibles au moment où on en a besoin.

Atteindre l’autonomie totale n’est donc pas très réaliste ou impose en tous cas de très fortes contraintes.

S’il est important de chercher à limiter nos dépendances notamment par plus de sobriété, l’autonomie absolue n’est pas forcément une fin en soi. S’imposer de couper toute relation avec un fournisseur de proximité capable de fournir de l’énergie avec un meilleur bilan et une meilleure capacité d’adaptation pourrait s’avérer globalement contre-productif.

La maison à énergie positive, un concept qui peut induire en erreur !

Une habitation est dite « à énergie positive » si elle produit plus d’énergie qu’elle n’en consomme sur un bilan annuel. Autrement dit, si le ratio Production annuelle/Consommation annuelle est supérieur à 100 %.

Pour atteindre cette performance énergétique très poussée, le bâtiment doit d’abord être très bien conçu et isolé afin de diminuer au maximum les pertes et donc l’énergie résiduelle nécessaire pour le chauffer, le rafraichir, le ventiler, l’éclairer.
Notons que la réglementation n’autorise pas d’atteindre cet objectif avec un bâti médiocre et un jardin couvert de panneaux solaires !

Le bilan n’est pas représentatif du fonctionnement

Même avec ce niveau de performance, un bâtiment ne peut pas fonctionner sans source d’énergie extérieure : un bilan annuel ne tient pas compte de l’adéquation instantanée entre production et consommation.
En hiver, le soleil risque de manquer pour alimenter les panneaux solaires. En été, au contraire, la production de chaleur ou d’électricité sera excédentaire et sera compliquée à gérer pour le régulateur du réseau.

autonomie énergétique

Les conditions météo peuvent rendre les équipements beaucoup moins efficaces © Karin Jaehne

Le bilan du bâtiment n’est pas le bilan global de la consommation du ménage

Par ailleurs, le bilan pris en compte dans la réglementation thermique (actuelle en tous cas) ne prend pas en compte  les usages énergétiques autres que ceux liés au fonctionnement du bâtiment. Les usages électriques de l’électroménager, de l’informatique qui constituent une part de moins en moins négligeable dans un bâtiment performant ne sont pas comptabilisés.

Sans parler de l’énergie liée aux déplacements, à l’alimentation, aux loisirs, à l’entretien, etc. qui sont en dehors de ce bilan.

dossier économies d'énergie

Article republié

Illustration bannière : Une petite maison autonome en énergie – © Ariel Celeste Photography
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2 commentaires Donnez votre avis
  1. 1 bâti à énergie positive , est devenu la règle avec du PV solaire sur le toit….en effet en déployer 10 kW c sur la maison çà nous gratifie de pas moins de 10 MWh/an ! Avec 10 autre et on garantie l’autonomie par la mobilité électrique à vie !
    En plus c à 0 émission de co² ! What else cheramisky !

  2. Vu l’arrivée prochaine de millions de voitures électriques, pourquoi ne pas penser à utiliser ces mêmes voitures pour produire de l’énergie électrique en passant sur mes unités placées au sol ??? lesquelles peuvent produire 7/7 jours et 24/24 heures de l’énergie électrique… à ne pas confondre avec les solutions semblables présentées jusqu’à ce jour, qui produisent de l’énergie électrique INSTANTANEE c-à-dire qu’au passage du véhicule des lampes s’allument et une fois le véhicule passé, elles s’éteignent, point final !!!
    PS : Si M. Pierré souhaiterait des informations supplémentaires je suis à sa disposition !

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