« Je suis allergique », entend-t-on souvent. Mais est-ce bien de l’allergie alimentaire dont on parle ? N’est-ce pas plutôt d’intolérance dont il faut parler ? La confusion entre les 2 termes est souvent faite. Voici quelques petites explications qui vous permettront de ne plus jamais confondre allergie et intolérance.
Beaucoup d’intolérants et peu d’allergiques vrais
Un chiffre dit tout de cette confusion : 25 % de la population se dit allergique, alors que les gens ne sont en réalité que… 1,4 à 1,8 % à être vraiment allergiques ! Pour tous les autres, ce sont donc des intolérances alimentaires. Mais la fréquence de ces allergies est en hausse.
Des causes liées à notre alimentation moderne
Les raisons de cette hausse des allergies sont multiples, souvent liées à notre alimentation moderne :
- l’introduction de nouveaux aliments, comme les fruits et légumes exotiques,
- la préparation de plus en plus complexe des aliments par l’industrie agro-alimentaire,
- certains procédés de fabrication,
- les nouvelles formes d’aliments en relation avec les transformations génétiques,
- la diminution de l’allaitement maternel,
- la diversification de plus en plus précoce chez le bébé ( une étude néo-zélandaise a montré que la diversification avant 4 mois, avec plus de 4 aliments, multiplie par 3 le risque d’eczéma),
- les progrès en matière de diagnostic,
- l’amélioration de l’hygiène : l’aseptisation croissante conduirait à une évolution du système immunitaire.
Allergie – intolérance – Deux réactions du corps différentes
Le corps réagit très différemment en fonction d’une allergie ou d’une intolérance.
1- L’allergie. Tout se passe au niveau immunologique : il s’agit des mécanismes de défense de l’organisme – les immunoglobulines (IgA), présentes surtout dans le sang – contre les éléments pathogènes extérieurs que sont les aliments déclencheurs d’allergies.
C’est donc le système immunologique intestinal qui va réagir :
- les plasmocytes,
- les lymphocytes T (c’est-à-dire les cellules du sang).
2- L’intolérance alimentaire. Ici, pas de réponses immunologiques. Les réactions sont d’ordre :
- enzymatique : par exemple, une déficience en lactase entraîne une intolérance au lactose qui passe dans l’intestin sans avoir été digéré, puis stagne et fermente dans le colon, provoquant tout au long du système digestif des troubles intestinaux.
- pharmacologique : elles concernent les aliments qui contiennent de l’histamine ou de la tyrosine comme la fromages vieillis, et les aliments fermentés, ou bien des aliments qui contiennent des substances histaminolibératrices, comme le chocolat et les blancs d’oeufs par exemples.
- d’origine indéterminée.
Aliments histaminolibérateurs : oeufs, chocolat, fraise, ananas, fruits exotiques, crustacés, poissons, tomate, alcool.
Aliments riches en histamine : fruits de mer, choucroute fermentée, hareng, thon, conserves, saucisson
Aliments riches en tyramine : gruyère, roquefort, fromages anglais, poissons fumés, saucisses, vin blanc, chocolat
Les réactions ne seront pas immunologiques, et passeront par :
- le suc gastrique (il stérilise le bol alimentaire),
- les enzymes pancréatiques (elles dissèquent les protéines),
- le mucus intestinal (il enrobe les éléments pathogènes alimentaires pour les éliminer).
Les différents niveaux de réactions allergiques
Le mécanisme allergique se met en place en 2 temps.
- Il y a d’abord une phase de sensibilisation, sans signes apparents. C’est la mise en place des cellules « mémoire », ces fameuses immunoglobulines.
- Ensuite, lors d’une seconde ingestion de l’aliment allergène, il y a déclenchement de l’allergie par l’activation des immunoglobulines.
Les manifestations peuvent prendre plusieurs formes :
- digestives : nausées, vomissements, diarrhées ; syndrome de Lenof (gonflement des lèvres, oedème du palais) ;
- extra-digestives : urticaire, oedème de Quinck, souvent le soir et la nuit ; eczéma ;
- asthme ;
- choc anaphylactique.
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