Alors que Nicolas Sarkozy a rejoint le camp des climatosceptiques, la température continue de grimper à la surface du globe et les catastrophes climatiques s’enchainent. Un constat alarmant déjà dressé en 2006 par l’ancien vice-président américain dans le documentaire ‘Une vérité qui dérange’.
Dix ans plus tard, qu’en est-il des prédictions du prix Nobel de la Paix, résolument engagé pour le climat ? Voici nos 10 éléments de réponse.
Retour sur les prédictions d’Al Gore dans « Une vérité qui dérange»
Rêvé : comme en 2006, les climatosceptiques sont (malheureusement) toujours là
Lorsque Al Gore faisait la promotion du documentaire « Une vérité qui dérange » en 2006, il espérait peut-être que dix ans plus tard, les climatosceptiques auraient disparu de la scène médiatique.
Mais après Donald Trump et Boris Johnson, célèbres pour leur coupe de cheveux et leurs doutes sur le rôle de l’humanité dans le changement climatique, c’était au tour du candidat à la primaire Les Républicains, Nicolas Sarkozy, de déclarer mercredi 14 septembre que « l’Homme n'[en] est pas le seul responsable ». Un revirement étonnant de la part de l’ancien président français, organisateur du Grenelle de l’Environnement en 2007 auquel avait justement participé… Al Gore !
Bien que la mode du climatoscepticisme soit une tendance à la baisse face à l’intensification des catastrophes climatiques et de l’avancée des connaissances scientifiques, une minorité de voix continue de défendre cette posture dans les médias. Politiques, industriels, publicitaires et autres scientifiques dont le climat n’est pas la spécialité, alimentent l’idée d’une controverse scientifique sur la question pour semer l’incertitude dans l’esprit de leurs concitoyens. « Leur credo : produire du doute », rappelait Al Gore.
Une technique déjà employée dans les années 1960 par les producteurs de cigarettes américains après la publication d’un rapport(1) prouvant la relation entre la consommation de tabac et le cancer du poumon.
Pourtant, en matière de réchauffement climatique, le doute n’est plus permis au sein de la communauté scientifique.
Vérifié : le consensus se renforce sur le rôle de l’Homme
Dans « Une vérité qui dérange », Al Gore citait une étude de 2004 publiée dans la revue Science par Naomi Oreskes (université d’Harvard) et recensant toutes les publications scientifiques sur le changement climatique(9). Résultat : sur 928 articles analysés, aucune n’allait à l’encontre du consensus scientifique : l’Homme est donc bien responsable du réchauffement climatique. Un consensus renforcé au fil des rapports du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), désigné prix Nobel de la Paix en 2007 aux côtés de… Al Gore.
Par la suite, les études successives n’ont cessé d’aller dans le même sens(3). Ces études ont pris en compte les travaux d’experts sur le climat, validés par leurs pairs.
Pour renforcer la pertinence de ce consensus, seize scientifiques – dont Naomi Oreskes et six autres cités dans le graphique ci-dessus – ont publié en avril dernier, dans la revue de l’Institut de physiques de Londres (IOP), un article commun intitulé Consensus sur le consensus (10) : une synthèse des consensus estimés sur la responsabilité de l’Homme sur le réchauffement planétaire.
Dans chaque étude menée, les publications qui s’opposaient au consensus étaient des notes d’éditorialistes, des papiers rédigés par des lobbys pétroliers, ou des recherches scientifiques attribuées à des météorologues, des géologues – tels que Claude Allègre – ou des économistes qui ne sont pas experts sur le climat.
Pourtant, ces « marchands de doute » sont toujours omniprésents aux côtés des industriels et des institutions pour asséner des contre-vérités au public et corrompre les scientifiques. Une stratégie mise en lumière dans le livre Marchands de doute de Naomi Oreskes et d’Erik Conway (NASA), porté à l’écran en 2012.
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