L’Inra présente les résultats d’une étude sur l’impact de l’eau en agriculture biologique. L’organisme de recherche public s’est posé diverses questions et abouti à des conclusions sur les conséquences de l’agriculture bio sur les consommations d’eau, de carburant et de pesticides ; sur la valeur de la production agricole. Une étude dont vont s’emparer les partisans du bio.
L’impact de l’agriculture biologique
Les chercheurs de l’Inra de Montpellier ont planché sur les questions suivantes :
Quel est l’impact de l’évolution de l’agriculture biologique (AB) en Camargue ? Quelles sont les expérimentations de l’Inra en riziculture biologique ? Quelles sont les conditions et les limites de développement de l’AB pour répondre à un enjeu de qualité de l’eau à une échelle territoriale ? (1)
> L’une de leurs études issue du programme Camargue-Bio2 sur la riziculture biologique en Camargue montre qu’une augmentation de 20 % des surfaces agricoles converties en AB aurait pour conséquences probables à l’échelle de la Camargue une diminution des surfaces cultivées en riz, et une diminution des consommations d’eau, de carburant et de pesticides ; la valeur de la production agricole serait maintenue.
Rizière bio au stade du tallage du riz (Camargue) .
L’Inra a mené plusieurs expérimentations sur des sujets proches. On peut citer :
– la gestion complexe des adventices (mauvaises herbes) dans les rizières,
– le dessalement des sols par la culture de riz ou encore l’introduction de la diversification des rotations avec des cultures non submergées (pluviales), comme le blé dur, le tournesol, les lentilles…
– les incitations locales à la gestion préventive de la qualité de l’eau et à leurs répercussions sur les conversions des exploitations à l’AB dans les aires d’alimentation de captage d’eau potable, en France et en Allemagne(3).
La question des captages d’eau
Le programme ABiPeC de l’Inra porte sur le captage d’eau. En France métropolitaine, il existe près de 33 000 captages d’eau potable (auxquels sont associées des aires d’alimentation) qui permettent de prélever l’eau à l’état brut dans les nappes souterraines, les cours d’eau, les sources.
> L’étude montre que les politiques incitatives sont rarement favorables à un développement de l’Agriculture bio dans les territoires à enjeu « eau ». Pour conjuguer la gestion préventive de la qualité de l’eau et l’AB, la combinaison de quatre conditions apparaît indispensable dans les territoires :
– des systèmes de production déjà largement extensifs,
– une sensibilité locale très favorable à l’AB à la fois chez les agriculteurs, les gestionnaires de l’eau et les collectivités territoriales,
– des filières biologiques structurées et largement demandeuses,
– des incitations financières très attractives.
Nous aurons l’occasion de revenir sur ces études qui apportent des éléments de fond au débat sur l’agriculture biologique face à l’agriculture industrielle.
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Notes :
1. Suite à son programme AgriBio31, l’Inra a présenté les premiers résultats de ses recherches sur la thématique de l’eau et de l’agriculture biologique au salon Tech&Bio les 18 et 19 septembre 2013. Le programme AgriBio3 de l’Inra a été initié en 2010 par le Comité interne en agriculture biologique de l’Inra (CIAB) et s’est achevé en décembre 2012. D’autres résultats d’AgriBio3 seront également présentés au colloque DinABio, dédié à l’AB et co-organisé par l’Inra et l’Institut technique de l’Agriculture Biologique (ITAB), qui se déroulera les 13 et 14 novembre 2013 à Tours.
2. En partenariat avec l’ADEME, FranceAgriMer, le Centre français du riz et le Parc naturel régional de Camargue.
3. Sont impliqués dans le projet ABiPeC : l’unité Inra Sciences pour l’action et le développement – Activités, Produits, Territoires ; l’unité Inra Agro-Systèmes Territoires Ressources de Mirecourt et l’Institut supérieur d’agriculture et d’agroalimentaire Rhône-Alpes (ISARA-Lyon).
A télécharger : L’Inra et l’Agriculture Biologique