Le son que les plantes produisent quand elles manquent d’eau

Même silencieuses en apparence, vos plantes vous parlent. Lorsqu’elles manquent d’eau, elles émettent un son que vous ne percevez pas. Grâce aux dernières avancées scientifiques, ce langage végétal discret pourrait bien changer notre manière de jardiner et de prendre soin du vivant.

Rédigé par , le 29 Nov 2025, à 10 h 20 min
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En pleine saison de chauffage et de fenêtres fermées, vos plantes d’intérieur pourraient souffrir en silence. En réalité, elles ne le font pas. Car lorsque la sécheresse s’installe dans leurs tissus, elles produisent un son bien réel, inaudible pour l’oreille humaine, qui trahit leur état de stress.

Ces sons secrets que vos plantes émettent quand elles manquent d’eau

Alors que le son est traditionnellement associé aux animaux, les plantes, elles aussi, en produisent. À l’état de stress hydrique, certaines espèces, dont la tomate (Solanum lycopersicum) et le tabac (Nicotiana tabacum), émettent des signaux ultrasoniques dans l’air. Ces sons se manifestent sous forme de cliquetis secs, semblables à des petits « pops », imperceptibles sans technologie adaptée. Selon l’étude relayée par Cell en 2023, ces émissions peuvent atteindre une fréquence comprise entre 20 et 150 kHz, bien en dessous des 20 à 20.000 Hz audibles par l’homme. Ce phénomène résulte d’un processus nommé cavitation, où la tension provoquée par le manque d’eau fait éclater des bulles d’air dans les tissus conducteurs (xylème) de la plante.

Ces éclatements génèrent une onde acoustique : un son sec et régulier. Cette signature sonore a longtemps échappé à l’observation scientifique faute d’instruments assez sensibles. Aujourd’hui, grâce à des microphones à haute fréquence, ces bruits peuvent non seulement être captés mais aussi analysés à distance, y compris dans des serres ou laboratoires acoustiques. Comme l’indiquent les chercheurs dans The Guardian, une plante stressée peut ainsi émettre 30 à 50 sons par heure, contre moins d’un pour une plante bien hydratée.

Vers une écoute scientifique et technologique des signaux végétaux

Ces signaux acoustiques végétaux ne sont pas uniquement une curiosité. Ils constituent un indicateur biologique précieux, utilisable pour anticiper les besoins en eau ou identifier une blessure. En croisant les spectres acoustiques captés avec des modèles d’intelligence artificielle, les chercheurs sont désormais capables de différencier un stress hydrique d’une tige coupée, selon les données publiées dans Cell en 2023 et relayées par le Natural History Museum de Londres. Les implications sont vastes. Pour les agriculteurs, capter ces sons pourrait permettre une irrigation ciblée, prévenant le gaspillage d’eau et optimisant les rendements.

Pour les jardiniers, l’oreille électronique deviendrait un outil de diagnostic végétal, capable de traduire les « appels au secours » de nos plantes. Comme le souligne Minutes Maison, « Les plantes communiquent donc bel et bien, mais pas de la façon dont nous l’imaginions ». Cependant, la portée réelle de ces émissions reste à nuancer. Si les microphones détectent aisément ces sons en milieu contrôlé, leur transmission dans un environnement extérieur, soumis au vent, au bruit ambiant et aux interférences, demeure un défi technique. D’autres recherches, comme celles publiées par MDPI en 2024, suggèrent également que la cavitation pourrait ne pas être la seule cause des sons végétaux : des ruptures cellulaires ou variations mécaniques dans les tissus végétaux pourraient également être en jeu.

Une symphonie invisible à l’écoute du vivant

En jardinage, l’observation visuelle reste le réflexe instinctif : feuilles flétries, terre sèche, tiges affaissées. Désormais, la science nous invite à écouter ce que les yeux ne voient pas. Chaque plante devient une émettrice de signaux, une source de sons traduisant ses besoins immédiats. Cette écoute sensorielle augmentée nous pousse à reconsidérer le rapport homme-végétal.

Ce champ de recherche, encore jeune, s’enrichit d’initiatives multiples : capteurs connectés, assistants intelligents pour la surveillance domestique, modèles acoustiques prédictifs. Les sons deviennent autant d’indices d’un dialogue biologique silencieux, mais capital. Pour les passionnés de jardin comme pour les chercheurs, cette révélation d’un langage sonore des plantes ouvre une nouvelle ère. Une période où comprendre le son du vivant, c’est peut-être mieux l’accompagner.

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Rédactrice dans la finance, l'économie depuis 2010 et l'environnement. Après un Master en Journalisme, Stéphanie écrit pour plusieurs sites dont Economie...

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