Le découvert bancaire, bientôt un luxe à crédit ?

Dès le 20 novembre 2026, le découvert bancaire ne sera plus accordé automatiquement. Chaque client devra obtenir une autorisation spécifique, soumise à une évaluation de sa solvabilité.

Rédigé par , le 30 Oct 2025, à 10 h 30 min
Le découvert bancaire, bientôt un luxe à crédit ?
Précédent
Suivant

Une révolution silencieuse pour des millions de Français habitués à pouvoir passer ponctuellement dans le rouge.

Le découvert devient un crédit à part entière

Au 20 novembre 2026, le découvert bancaire entrera dans le champ complet du crédit à la consommation, conformément à l’ordonnance 2025-880 de transposition d’une directive européenne adoptée le 18 octobre 2023. Cette réforme met fin à l’autorisation automatique qui permettait, jusqu’à présent, à la majorité des clients de bénéficier d’une avance de trésorerie sans évaluation formelle de leur situation financière.

Jusqu’ici, les établissements bancaires accordaient souvent une autorisation de découvert sans vérification approfondie, notamment lors de l’ouverture d’un compte ou d’un changement de carte. Cette pratique, jugée trop laxiste par Bruxelles, sera désormais encadrée comme tout autre crédit. À compter du 20 novembre 2026, chaque demande de découvert devra faire l’objet d’une étude de solvabilité. Les banques seront tenues de fournir à leurs clients une présentation claire des coûts, du taux annuel effectif global et des conditions de remboursement, indique la Banque de France. Autrement dit, le découvert ne sera plus un simple service de confort, mais un engagement contractuel assorti de règles précises.

Cette réforme répond à une préoccupation majeure : protéger les ménages les plus fragiles. Il faut savoir qu’environ 22 % des Français se trouvent à découvert chaque mois, souvent de manière répétée. Ce dispositif, autrefois perçu comme une aide temporaire, peut en réalité devenir un piège coûteux. Les taux appliqués — parfois supérieurs à 15 % — pèsent lourdement sur le budget des foyers. En soumettant désormais chaque autorisation à un examen individuel, les autorités espèrent réduire ce risque de surendettement chronique.

Une autorisation de découvert automatique, c’est bientôt fini

Concrètement, à partir de novembre 2026, les banques ne pourront plus proposer de découvert automatique lors de l’ouverture d’un compte. Le client devra en faire la demande explicite et justifier de revenus suffisants. Pour les montants supérieurs à environ 200 euros, une étude détaillée de solvabilité sera exigée, afin de vérifier la capacité de remboursement. Seront pris en compte les revenus nets, les charges récurrentes et l’historique de paiement. Ce nouveau cadre rapprochera le découvert d’un microcrédit réglementé.

Une personne dont les charges mensuelles atteignent 1.000 euros devrait, par exemple, disposer de plus de 5.000 euros nets de revenus pour espérer obtenir un découvert de 400 euros, en application de la règle des 30 % d’endettement maximum. Ce changement n’impactera toutefois que les nouvelles autorisations signées après le 20 novembre 2026. Celles déjà en vigueur continueront de s’appliquer selon les conditions actuelles. Pour la plupart des Français, cette transition exigera donc une anticipation : il sera nécessaire de renégocier son autorisation de découvert avant la date butoir, sous peine de se voir refuser tout dépassement temporaire à la fin de l’année 2026.

Sondage pouvoir d’achat : êtes-vous à découvert avant la fin du mois ?

Anticiper pour éviter les mauvaises surprises

Les établissements bancaires affirment vouloir accompagner leurs clients dans cette période d’ajustement. Les grands réseaux prévoient d’informer les titulaires de comptes courant au premier semestre 2026, afin qu’ils puissent régulariser ou formaliser leurs demandes. Cette phase préparatoire vise à éviter un engorgement administratif à l’automne. Les banques devront aussi adapter leurs systèmes informatiques, car chaque découvert sera considéré comme un produit de crédit distinct, soumis aux mêmes obligations déclaratives que les prêts personnels.

Pour les consommateurs, la vigilance sera de mise. Les clients habitués à un découvert tacite devront désormais obtenir un accord écrit, valable pour une durée déterminée et plafonnée. En cas de refus, aucun paiement ne pourra être exécuté au-delà du solde disponible, sauf à recourir à un crédit classique. Certains établissements pourraient en profiter pour revoir leurs grilles tarifaires, tandis que d’autres envisagent d’instaurer des plafonds personnalisés plus bas, afin de limiter le risque. Si la réforme promet une meilleure protection des emprunteurs, elle exige aussi une gestion plus rigoureuse du budget quotidien. Car à partir du 20 novembre 2026, le moindre passage dans le rouge sans autorisation constituera une infraction au contrat bancaire, potentiellement assortie de frais supplémentaires.

Lire aussi
Découvert bancaire : ce qu’il faut savoir sur les frais forfaitaires

Abonnez-vous à consoGlobe sur Google News pour ne manquer aucune info !


Journaliste de formation, Anton écrit des articles sur le changement climatique, la pollution, les énergies, les transports, ainsi que sur les animaux et la...

Aucun commentaire, soyez le premier à réagir ! Donnez votre avis

Moi aussi je donne mon avis