Du plastique retrouvé dans les artères : l’étude qui inquiète les cardiologues

C’est une découverte qui résonne comme un signal d’alarme. Une équipe italienne a démontré que plus d’un patient sur deux opéré des carotides présentait du plastique incrusté dans ses artères.

Rédigé par , le 9 Sep 2025, à 10 h 10 min
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Publiée dans le New England Journal of Medicine, cette étude alimente l’inquiétude grandissante face à la pollution invisible des microplastiques.

Le plastique, un intrus inattendu dans les plaques

En mars 2024, le New England Journal of Medicine a publié une étude d’une équipe dirigée par le professeur Raffaele Marfella, de l’université de Campanie. Pour la première fois, des chercheurs ont prouvé la présence de fragments de plastique dans les plaques d’athérosclérose carotidienne. Ces dépôts, responsables de l’obstruction des artères, sont un facteur majeur d’accidents vasculaires cérébraux. Cette découverte va bien au-delà d’une curiosité scientifique : elle met en lumière une menace sanitaire qui pourrait toucher des millions de personnes.

L’étude a porté sur plus de 300 patients ayant subi une endartériectomie, une intervention consistant à retirer les dépôts graisseux accumulés dans les artères du cou. Les chercheurs ont analysé les tissus prélevés, et le constat est édifiant : 58 % des patients présentaient du polyéthylène dans leurs plaques, l’un des plastiques les plus courants, utilisé notamment pour les emballages. Chez 12 % d’entre eux, les scientifiques ont identifié du polychlorure de vinyle (PVC), tout aussi familier dans nos objets du quotidien.

À l’aide d’un microscope électronique, l’équipe a même observé des fragments irréguliers de plastique enchâssés dans les cellules immunitaires présentes au coeur des plaques. « La présence de plastique dans les plaques athéroscléreuses humaines est surprenante. Malheureusement, la contamination plastique des tissus humains n’est pas un cas isolé, mais un phénomène très répandu. Son effet probable sur la santé cardiovasculaire est préoccupant », a reconnu Raffaele Marfella dans un entretien à Medical News Today(1).

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Un risque de complications multiplié par quatre

La découverte ne s’arrête pas à cette présence insolite. Le suivi des patients, pendant près de trois ans, a révélé un risque accru d’événements graves : infarctus, AVC ou décès. Selon l’analyse statistique, les personnes dont les plaques contenaient du plastique présentaient un danger multiplié par 4,5 par rapport à celles qui en étaient dépourvues. Si un lien de cause à effet reste encore à prouver, il s’agit d’un facteur « potentiellement majeur » dans le risque résiduel qui persiste malgré les traitements classiques contre l’athérosclérose.

Pire, ces particules semblent contribuer à une inflammation chronique, un processus déjà connu pour fragiliser les plaques d’athérome et provoquer leur rupture. Des marqueurs élevés de cytokines inflammatoires ont été détectés chez les patients exposés, renforçant l’idée d’un rôle actif du plastique dans l’évolution de la maladie. Plusieurs experts cités par Medscape(2) et l’Associated Press(3) appellent à la prudence, rappelant qu’il s’agit d’une étude observationnelle. Mais tous s’accordent pour dire que ce signal ne peut être ignoré. « Il faut désormais se demander si l’exposition quotidienne aux plastiques n’est pas en train de devenir un nouveau facteur de risque cardiovasculaire », estime le professeur Antonio Ceriello, spécialiste du diabète et de l’athérosclérose.

L’omniprésence du plastique, un enjeu de santé publique mondial

La découverte de cette équipe dirigée par Raffaele Marfella s’inscrit dans un contexte où les microplastiques sont partout : dans l’eau, l’air, les sols et même dans le placenta. Leur infiltration jusque dans les artères illustre une contamination systémique. Pour Philip Landrigan, épidémiologiste américain, il s’agit d’un « problème de santé publique urgent » qui nécessite des recherches étendues et des politiques plus strictes de réduction de la pollution plastique.

En attendant de nouvelles études, une certitude s’impose : le plastique n’est plus seulement un fléau environnemental, il est désormais un intrus détecté au coeur même de nos artères. Et son rôle dans l’obstruction et l’aggravation des maladies cardiovasculaires pourrait bien redéfinir notre compréhension des risques qui pèsent sur la santé cardiaque.

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Journaliste de formation, Anton écrit des articles sur le changement climatique, la pollution, les énergies, les transports, ainsi que sur les animaux et la...

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