Voitures électriques : le vrai impact écologique des batteries révélé par Greenpeace

Les batteries sont au coeur de la révolution électrique. Mais derrière cette vitrine technologique, leur production cache un lourd bilan environnemental que Greenpeace dénonce dans un rapport ciblant les plus grands industriels mondiaux.

Rédigé par , le 16 Jul 2025, à 10 h 54 min
Voitures électriques : le vrai impact écologique des batteries révélé par Greenpeace
Précédent
Suivant

Greenpeace a publié un rapport accablant sur l’industrie des batteries pour véhicules électriques. En ciblant les plus grands fabricants mondiaux, l’ONG met en lumière un paradoxe gênant : ces piliers supposés de la transition énergétique brillent surtout par… l’absence d’engagements climatiques crédibles.

Batteries : quand la promesse écologique se heurte à la réalité des chiffres

C’est une vérité que les fabricants aimeraient garder sous silence : du point de vue de l’impact environnemental, produire des batteries est loin d’être neutre. Selon Greenpeace, la seule phase de fabrication représente un tiers des émissions totales associées à une batterie lithium-ion. Un chiffre vertigineux, directement lié à la consommation électrique colossale des usines et à la production des matériaux cathodiques, particulièrement polluants.

Et ce n’est pas un hasard si le rapport pointe du doigt la Chine et la Pologne, pays qui font office de géants des batteries, mais aussi de champions de l’électricité au charbon. Greenpeace estime que plus de 500 grammes de CO₂ par kilowattheure sont ainsi injectés dans les batteries. Autrement dit, sous leur capot vert, les voitures électriques embarquent parfois des tonnes d’émissions.

Fabricants de batteries : un bon élève, mais surtout des mauvais

Parmi les dix leaders mondiaux du secteur, seuls trois sortent du lot : CATL, LG Energy Solution et Panasonic Energy. Pourquoi ? Parce qu’ils sont les seuls à combiner un objectif d’électricité 100 % renouvelable et une stratégie claire pour réduire les émissions dans l’ensemble de leur chaîne d’approvisionnement.

Tous les autres, pourtant champions de la communication verte, n’affichent ni calendrier, ni méthode. BYD et EVE Energy, poids lourds chinois, sont même épinglés pour leur double absence d’engagements : ni RE100 (objectif 100 % renouvelable), ni plan de décarbonation de la chaîne logistique. Même les entreprises coréennes Samsung SDI et SK On, qui ont rejoint l’initiative de transition vers l’électricité 100 % renouvelable « RE100 », se contentent d’un affichage. Aucune stratégie sérieuse sur les émissions dites « Scope 3 » (celles des fournisseurs) n’a été présentée.

Dossier spécial – Tout savoir sur la voiture électrique

L’Europe impose ses règles, Greenpeace enfonce le clou

Les fabricants de batteries ne pourront plus longtemps se cacher derrière de beaux discours. En Europe, le nouveau règlement sur les batteries, entré en vigueur en 2025, impose une traçabilité carbone complète dès 2026. Objectif : interdire à terme la vente de batteries trop polluantes.

Greenpeace exige donc un sursaut. « L’absence d’objectifs concrets remet en cause l’engagement réel des fabricants », tranche Erin Choi, chargée de campagne chez Greenpeace East Asia. Elle appelle les industriels à publier des données détaillées, à fixer des cibles claires pour la chaîne logistique et à passer à l’électricité verte avant 2030.

Les batteries propres… sur le papier seulement

Dans les faits, la plupart des producteurs continuent de s’approvisionner sur des réseaux électriques à haute intensité carbone. Le rapport note que les émissions restent très dépendantes du pays de production, une donnée souvent absente des brochures commerciales. Autre angle mort : le recyclage. Très peu d’entreprises investissent sérieusement dans la réutilisation des matériaux stratégiques comme le nickel ou le cobalt. Résultat : des extractions minières toujours plus intensives, avec des conséquences lourdes pour l’environnement et les droits humains.

Le rapport de Greenpeace cite un bon élève : CATL, qui a inauguré une usine « zéro carbone » à Yibin, en Chine, et prévoit un site similaire en Hongrie. L’entreprise mise sur le solaire et l’éolien, avec des résultats mesurables. À l’autre extrémité du classement, EVE Energy ne propose ni transparence, ni trajectoire, ni progrès. Même son de cloche chez BYD, pourtant premier constructeur mondial de véhicules électriques. Une posture qui interroge.

Lire aussi
Le recyclage des batteries de voitures électriques : enjeu écologique, mais aussi stratégique

Abonnez-vous à consoGlobe sur Google News pour ne manquer aucune info !


Journaliste de formation, Anton écrit des articles sur le changement climatique, la pollution, les énergies, les transports, ainsi que sur les animaux et la...

1 commentaire Donnez votre avis
  1. Il ne faut pas se leurrer, ce ne sont pas des philanthropes

Moi aussi je donne mon avis