La Commission européenne finance différentes campagnes visant à promouvoir la consommation de viande, des efforts qui vont à l’encontre des engagements qu’elle a pris en tant que signataire de l’Accord de Paris sur le climat.
L’ONG néerlandaise Wakker Dier en appelle à Frans Timmermans, vice-président de la Commission européenne, chargé du Green Deal européen.
60 millions d’euros sur trois ans pour inciter à consommer de la viande
On le sait : l’élevage est un contributeur majeur au réchauffement climatique. Selon une étude réalisée en 2017, l’élevage d’animaux ruminants a un impact 3 à 10 fois supérieur à l’impact de la production des autres types de denrées alimentaires, et 20 à 100 fois supérieur à l’impact de la culture de végétaux. Malgré cela, la Commission européenne finance chaque année des campagnes de communication visant à promouvoir la consommation de viande.
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Entre 2017 et 2019, l’UE a ainsi dépensé 60 millions d’euros, répartis à travers une vingtaine de campagnes de communication dans différents pays, a calculé l’ONG néerlandaise Wakker Dier. Et elle n’a pas l’air de vouloir s’arrêter : dernier exemple en date, en novembre 2019 4,4 millions d’euros ont été octroyés à une campagne en faveur de la consommation de poulet, qui devrait commencer en 2020 et durer jusqu’à fin 2021. Objectif affiché de cette campagne : augmenter la consommation de poulet de 1,22 % en Europe(1).
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Une politique européenne contraire aux objectifs nationaux
Pour l’ONG néerlandaise Wakker Dier, ces campagnes, mais surtout leur financement par la Commission européenne, doivent s’arrêter. « L’Europe cultive un système d’aides archaïque et court-termiste, un système aux dépens des animaux, de l’environnement et de la santé », s’émeut Anne Hilhorst, porte-parole de cette ONG.
Anne Hilhorst attire aussi l’attention sur le fait que son pays, les Pays-Bas, mène une politique visant à décourager les consommateurs d’acheter de la viande. Par exemple, le Centre néerlandais pour la Nutrition a récemment lancé une campagne intitulée « Il n’y a pas que la viande », dans laquelle il attire l’attention sur les effets de la viande sur la santé. La Commission européenne et certains gouvernements nationaux mènent donc des politiques à visée opposée.
« Une tirelire cherche à abattre l’autre. Même une publicité contraire aux objectifs sociaux reçoit des fonds publics », résume ainsi la situation Anne Hilhorst.
C’est à couteaux tirés entre les associations et l’Union Européenne qui finance la promotion de la consommation de viande © kvasilev
Il s’agit donc d’une approche de plus en plus indéfendable de la part de l’Union Européenne : comment peut-on prétendre vouloir prendre soin de la santé des européens et faire face aux changements climatiques, et dans le même temps financer des campagnes visant à inverser le déclin de la consommation de viande ou à réfuter les soi-disant « fake news » sur les mauvais traitements sur les animaux d’élevage ?
Illustration bannière : Un boucher qui fait la promotion de son bacon – © Iakov Filimonov