2,4 milliards d’humains : c’est le nombre d’individus qui n’auraient pas accès à l’eau potable selon un rapport de l’OMS publié en 2013. Parmi eux, 300 millions vivent en Afrique. Et pourtant, une découverte pourrait bien changer la donne. En effet, selon une étude récente le sous-sol africain regorgerait d’eau douce. Alors, solution miracle ou mirage pour le continent africain ?
Des réserves d’eau douce dans le sous-sol sol africain
5 ans : c’est le temps qu’il aura fallu à Martin Quinger et à son équipe germano-namibienne d’hydrogéologue pour explorer une étendue de 75 kilomètres de long et 40 km de large.
Après une vingtaine de forages et l’utilisation de l’imagerie électromagnétique, ce scientifique a révélé une découverte étonnante : Ohangwena et Oshana, les régions sèches du centre-nord de la Namibie (nb. ce pays d’Afrique australe est bordé par l’océan Atlantique) disposent d’un sous-sol gorgé d’eau.
5 milliards de mètres cubes d’eau découverts
Dans leur étude publiée le 21 avril 2012 dans la revue Environment Research Letters, les scientifiques estiment le volume des eaux souterraines en Afrique à près de 0,66 million de km3.
Un chiffre qui représente plus de 100 fois la ressource annuelle en eau renouvelable du continent. Et 20 fois la réserve d’eau douce de l’Afrique.
Martin Quinger souligne « au bas mot, 5 milliards de mètres cubes d’eau, mais peut-être jusqu’à trois fois plus. Il ne s’agit pas d’un immense lac souterrain, mais d’une couche de roche qui est saturée d’eau ».
Comment l’expliquer ? Il semblerait que depuis une montagne angolaise, située de l’autre côté de la frontière, à près de 350 km, l’eau de pluie de soit écoulée puis infiltrée. Et cela, au fil des siècles à travers le sable et les microfissures de la roche. Stoppée par une couche imperméable, elle se serait alors mise à remplir les moindres recoins du sous-sol, formant ainsi un réservoir d’eau.
Une découverte capitale pour les peuples africains
Les données recueillies par Martin Quinger et son équipe pourraient bien avoir un impact considérable sur la vie des 800 000 Namibiens (40 % de la population) qui vivent dans ces régions très pauvres.
En effet, l’extraction de cette eau pure datant de quelques 10 000 ans pourrait remplacer le liquide saumâtre acheminé jusqu’à lors par un vieux canal.
Ceci limiterait en outre la propagation des maladies et les décès qui en découlent. Le bétail serait mieux abreuvé et le développement de l’irrigation des cultures favoriserait la sécurité alimentaire. Ce qui aurait comme répercussion de ralentir l’exode rural.
Enfin, les Himba, peuple de la région, pourraient réclamer l’abandon d’un projet de barrage qui doit être construit près des chutes d’eau d’Epupa. Un barrage qui risque d’inonder les terres sur lesquelles ont été enterrés leurs ancêtres. Et la Namibie est loin d’être la seule à disposer d’or bleu.
Quelques données sur l’accès à l’eau en Afrique
1 africain sur 2 doit parcourir chaque jour 10 kilomètres pour s’approvisionner en eau potable. Aujourd’hui en Afrique, 3800 enfants meurent chaque jour du manque d’eau potable. A noter que de nombreuses maladies guettent également les africains qui boivent de l’eau non potable : choléra, typhoïde, diarrhée… Seuls 61 % des habitants de l’Afrique subsaharienne ont accès à des sources d’eau consommable grâce à la construction d’infrastructures de raccordement à un réseau de distribution ou de puits. Ce pourcentage grimpe à 90 % en Afrique du Nord.