Il paraît aujourd’hui évident qu’il faut prêter attention à l’alimentation de la femme enceinte, pour la bonne santé de l’enfant à naître : pas d’alcool, pas trop de sel, et bien d’autres recommandations entrent en ligne de compte. Loin des seules considérations génétiques, des chercheurs canadiens se sont penchés sur la question de l’alimentation du géniteur, avant la conception donc.
Et si le secret de la bonne santé des petits résidait également dans les habitudes alimentaires de leur géniteur avant la conception ?
Santé de l’enfant : prenez en compte l’alimentation du père
Une étude menée en 2013 par Sarah Kimmins, de l’Université McGill au Canada, et publiée dans la revue Nature Communications, suggère que cette question est primordiale(1).
Du rôle crucial des folates
Le postulat était le suivant : durant la grossesse et avant, la mère doit ingérer une quantité suffisante de folates (vitamine B9), et ce afin de prévenir les fausses couches et les anomalies congénitales.
© CC, herrberg
Les folates sont particulièrement présents dans les céréales, les fruits et légumes (surtout les légumes verts) et la viande.
Cette fois, c’étaient les folates présents chez le père qui ont été mises au coeur de l’attention. Des tests ont comparé la progéniture de souris mâles ayant soit un régime alimentaire pauvre, soit riche en folates. Les résultats ont montré qu’une alimentation pauvre en folates augmentait jusqu’à 30 % les risques d’anomalies congénitales, et notamment des malformations squelettiques « au niveau cranio-facial et à la colonne vertébrale« , qualifiées de « très sévères » par les chercheurs.
Le génome du sperme est en effet sensible à des facteurs environnementaux, parmi lesquels la carence en folates. Selon les chercheurs, cet élément peut avoir de l’influence sur plusieurs générations.
Bien que de l’acide folique soit ajouté en supplément à de nombreux aliments, les pères qui ont une alimentation riche en gras ou en produits de restauration rapide ou qui sont obèses courent le risque de ne pas pouvoir métaboliser la vitamine B9 aussi efficacement que des personnes qui ont des taux normaux. Certains hommes peuvent donc souffrir d’une carence en folates et cette information est transmise du père vers l’embryon
selon Sarah Kimmins
Pour un bébé en bonne santé, il faut bien manger
C’est un cercle vertueux : si la mère s’alimente bien, et que le père fait de même, le bébé aura donc plus de chance d’être en bonne santé. Cela paraît évident mais les preuves sont là.
Le métabolisme de la vitamine B9 se fait moins bien en cas d’alimentation trop riche et trop peu variée :
- trop de gras
- trop d’acides gras saturés
- obésité
L’acide folique ajouté à de nombreux aliments ne compense alors pas la carence et cette carence se répercute sur l’embryon.
L’équipe du docteur Kimmins travaille à présent sur le lien entre régime alimentaire, surpoids, fertilité et santé de l’enfant.
Illustration bannière : Un père et sa fille – © Halfpoint