Les chasseurs déclarent la guerre des images avec un spot TV sirupeux et angélique, jouant sur les sentiments, mais surtout sans armes ni mort.
La guerre des images bat désormais son plein, entre les pro et les anti-chasse. Après les affiches, place au spot télévisé diffusé aux heures de grande écoute.
Des chasseurs, mais aucun tueur
Des chasseurs qui marchent heureux dans la nature sur l’air de « C’est si bon » d’Henri Betti, des animaux qui courent, des familles suivant des traces, des affûts, des cavaliers, un barbecue… La guerre des images est déclarée par la Fédération nationale des chasseurs, qui vient de lancer le premier spot publicitaire télévisé de son histoire.
Son slogan : « La chasse, le bonheur grandeur nature ». Bien sûr, à aucun moment vous n’y verrez un chasseur tirer ou un animal se faire tuer, tout se déroule dans le champ de l’émotion, des sensations. L’objectif est clair : non seulement dédiaboliser la chasse mais aussi faire parler d’elle.
Ainsi, les chasseurs répondent coup pour coup à la campagne anti-chasse lancée par la Fondation Brigitte Bardot. Celle-ci a d’ailleurs réagi via Twitter, estimant que « les chasseurs cassent leur tirelire pour faire diffuser un coûteux spot télévisé d’une rare niaiserie où, dans un monde merveilleux, les chasseurs n’ont plus d’arme et ne tuent pas d’animaux… Est-ce si difficile d’assumer ce qu’est réellement la chasse ? ».
Sa campagne d’affichage était quant à elle des plus explicites : « Chasseurs, sauvez des vies, restez chez vous », revenant sur les 141 accidents, dont 11 mortels, et les 30 millions d’animaux abattus pour la saison 2019-2020.
Lire aussi : Pierre Rigaux, naturaliste détesté des chasseurs [interview]
Contrôler et modifier l’image de la chasse
Certes, la Fédération des chasseurs a beau jeu de rappeler que l’autorité de régulation de la publicité interdit de diffuser des images d’armes ou d’actes de chasse. Néanmoins, on a plus l’impression d’être sur Instagram que chez des chasseurs.
Pourquoi cette campagne ? Parce que la FNC estime qu’il est toujours compliqué d’apprécier ce qu’on ne connaît pas ou mal. Un sondage IFOP, là aussi une première, commandé par celle-ci avait souligné récemment non seulement qu’une courte majorité de Français (55 %) était opposée à la chasse, mais aussi que plus les gens connaissent la chasse, plus ils y sont favorables.
« La chasse telle qu’elle est, car elle n’a pas besoin d’être défendue mais expliquée », explique ainsi Willy Schraen, président de la FNC.
Les chasseurs continuent donc à vouloir à la fois corriger et contrôler leur image. En 2018, une campagne d’affichage les présentait déjà comme les premiers écologistes de France, « participant bénévolement à la sauvegarde de la biodiversité, luttant contre les plantes invasives »…
Un tournant dans leur façon de communiquer. Depuis, une série de vidéos « Être chasseur : pourquoi pas vous ? » avait été diffusée sur les réseaux sociaux. Avec ce spot télévisé dans les bois, en toute liberté, en ces temps confinés, les chasseurs passent donc à la vitesse supérieure.
Illustration bannière : Capture d’écran YouTube du spot TV« La chasse, le bonheur grandeur nature »