Quand on parle de pénurie alimentaire ou d’émeutes de la faim quelque part dans le monde, le premier marché qui est évoqué est celui du pain et donc du blé. Cette céréale est devenue la plus cultivée au monde et est un enjeu non seulement alimentaire de premier plan mais aussi un levier géopolitique. C’est pourquoi son évolution à court et long termes fait l’objet d’analyses attentives. Un récent point de vue publié par une vedette de la prospective a jeté le trouble.
Blé – une croissance ininterrompue qui touche à sa fin
Depuis le début du 20ème siècle les récoltes de blé n’ont cessé d’augmenter. Cette croissance de la production a surtout découlé de l’augmentation constante des surfaces agricole consacrée à la culture du blé un peu partout dans le monde.
L’augmentation de la productivité des cultures, réelle, n’a pas été aussi visible que celle des surfaces. Loin de là.
La production mondiale de blé
Production française de blé
Ce n’est que lors des 60 dernières années que la hausse des rendements agricoles s’est peu à peu substituée à la croissance des surfaces de culture et peu à peu devenu le moteur de la hausse continue des récoltes. Les leviers de ce rendement accru ont été la fertilisation avec les engrais, l’irrigation, des semences à plus potentiel, le tout soutenu par de puissantes incitations économiques à produire.
La transition a été assez nette : entre 1950 et 197, la récolte mondiale de blé a presque doublé, et quasiment uniquement grâce aux meilleurs rendements. De manière assez spectaculaire, la croissance enregistrée sur cette période de 23 années a été équivalente à celle qu’on avait connue entre les débuts de l’agriculture et 1950 !
Décollage japonais
Le premier pays à avoir atteint une croissance régulièrement de ses rendements de céréales a été le Japon, où le décollage s’est produit dès 1880. Mais il a été quasiment seul pendant les quelque 50 années qui ont suivi.
Ce n’est que vers la moitié du 20ème siècle que les USA et les États d’Europe de l’ouest ont commencé à connaître eux aussi une croissance identique de leurs rendements agricoles. Un peu plus tard de nombreux autres pays ont rejoint le mouvement.