La réforme de la PAC sera-t-elle plus verte, soutiendra-t-elle les producteurs vertueux envers l’environnement et l’agriculture durable ? Protégera-t-elle les consommateurs ? Au vu des dernières actualités, le statu quo semble plutôt de mise, malgré les termes optimistes de « verdissement« , ou de « développement rural » avancés depuis plusieurs mois… Réponse en juin 2013 avec la décision finale du trilogue (Conseil, Parlement et Commission européens).
Une politique agricole à repenser et surtout à soutenir
Depuis 1962, la tendance favorise l’agriculture intensive. L’usage d’engrais, de pesticides et la monoculture ont finit par avoir des conséquences alarmantes :
- En France, 92 % des cours d’eau sont contaminés par les pesticides
- les écosystèmes champêtres ont grandement dépérit
- l’emploi a périclité, malgré les aides versées aux exploitants : en France , de 1,3 millions à 800 000 de 1987 à 2007 ; en Europe, une baisse de 25 % entre 2000 et 2009…
En janvier 2013, un sondage commandé par le WWF dans 6 pays européens montre que 90 % des personnes interrogées sont en désaccord avec la PAC et estiment que les aides versées ne devraient pas être un soutien au revenu mais devraient être conditionnés à la « production de biens publics« , c’est à dire un ensemble vertueux autour de l’agriculture : biodiversité, emploi rural, etc.
La Commission européenne s’était d’ailleurs placée sur la même ligne, avançant des propositions d’aménagements et d’évolutions enthousiasmant pour les consommateurs et les petits producteurs : plafonnement des aides versées (la part principale du budget de la PAC, jusqu’ici allouant 80 % des subventions à 20 % des exploitants) en guise de soutien au revenu, et obligations de « verdissement », telles que la présence de 7 % minimum de terres « réservées à l’écologie », c’est à dire une zone d’épanouissement pour les écosystèmes champêtres, selon les termes choisis, sur chaque exploitation.
Rappel : le budget de la PAC, un colosse aux pieds d’argile ?
Le verdissement annoncé pour la nouvelle PAC sera-t-il à la hauteur des espérances ?
Le vote du budget européen a été annoncé, courant mars 2013, pour 373 milliards d’euros. Malgré une baisse de 12 %, celui-ci reste le plus important de l’UE, représentant 40 % du budget global. La France en reste le principal bénéficiaire.
Il se compose de deux volets, ou piliers. Le premier, le plus important, est chargé de valoriser l’agriculture comme une force économique. Il consiste en une réserve d’argent à verser sous formes d’aides directes aux exploitants, avec les déséquilibres que l’on sait : les plus grosses exploitations raflent la mise principale, laissant les petits, a priori plus enclin à produire local et biologique, dans un certain marasme.
Le second pilier est consacré au développement rural (emploi, social, environnemental, économique). C’est à dire au respect de l’ environnement, à la production raisonnée à petite échelle, bref, à ce fameux « verdissement » dans le cadre de la nouvelle réforme.
Budget total européen 2014-2020
- 277,8 milliards € pilier 1 (aides directes)
- 84,9 milliards € pilier 2 (développement rural)
- 2,8 milliards € de réserve en cas de crise agricole
> Suite : Objectifs initiaux : favoriser l’équité entre les aides perçues par les exploitations, et assurer le verdissement de la PAC