La ouate de cellulose, fabriquée à partir de journaux et papiers recyclés est l’un des matériaux les plus prisés pour la construction et la rénovation écologiques. Avec en plus une énergie grise faible, la ouate de cellulose est considérée comme un écomatériau très performant. Le problème est qu’elle est généralement traitée avec du sel de bore. Cet adjuvant la rend ignifuge, résistante aux champignons et lui permet de repousser rongeurs et insectes. Mais le sel de bore se révèle également toxique, à forte dose…
Le sel de bore est-il toxique ?
Difficile d’obtenir autre chose qu’une réponse de Normand ! Le sel de bore est-il dangereux ? « P’têt ben qu’oui, p’têt ben qu’non ! ». Nombreux sont ceux qui craignent l’impact négatif de contacts répétés et prolongés auprès de sel de bore.
Des tests sur les animaux ont révélé des troubles, notamment au niveau de l’appareil reproducteur en cas de forte exposition. En tout état de cause, on estime le recul et le nombre d’études très insuffisant pour considérer le sel de bore comme toxique, à faible dose.
Par contre, à forte dose, la toxicité du sel de bore est avérée. Selon les autorités canadiennes, « la dose susceptible d’entraîner une intoxication aiguë mortelle chez les animaux se situe entre 400 et 900 mg d’équivalents de bore par kilogramme de poids. Les données relatives aux empoisonnements accidentels indiquent que chez l’humain, la dose d’acide borique susceptible d’entraîner une intoxication aiguë mortelle va de 15 à 20 g chez l’adulte, de 5 à 6 g chez l’enfant et de 2 à 3 g chez le nourrisson ».
Entre confusion et rumeurs
Beaucoup d’informations ont circulé quant à l’interdiction du sel de bore dans les ouates de cellulose. Face aux doutes quant à l’innocuité du sel de bore, le 30 juin 2012, le CSTB (Centre Scientifique et Technique du Bâtiment) a préféré appliquer le principe de précaution. Ainsi, à compter de cette date, il a cessé de donner son agrément technique à toute ouate de cellulose fabriquée en France ou importée contenant du sel de bore.
Revirement de situation, le 6 novembre dernier, la CCFAT, c’est-à-dire la Commission Chargée de Formuler des Avis Techniques autorise de nouveau l’utilisation des Avis Techniques du CSTB pour les ouates de cellulose protégées avec du sel de bore.
Au niveau législatif cette fois, c’est le règlement REACH qui mène la danse. Le REACH est le règlement sur l’enregistrement, l’évaluation, l’autorisation et les restrictions des substances chimiques, entré en vigueur le 1er juin 2007. Son but est d’assurer la protection de la santé et de l’environnement via des contrôles sur l’utilisation des produits chimiques. C’est le REACH qui permet, ou non, la libre circulation de ces substances en Europe. L’enregistrement et la classification des produits chimiques sous REACH sont contrôlés par l’Agence Européenne des produits CHimiques (ECHA).
Il se trouve que l’acide borique a été effectivement enregistré auprès de l’ECHA (avec un numéro de référence CE 233-139-2). Cela ne signifie pas que l’acide borique est interdit pour autant. Toutefois, il est soumis à quelques restrictions : les isolants en ouate de cellulose contenant plus de 5,5 % de sel de bore doivent porter une étiquette indiquant les risquent potentiels de toxicité. En dessous de ce taux, aucune mention n’est obligatoire.
La réponse des fabricants de ouate de cellulose
Comme le doute plane, les fabricants de ouate de cellulose cherchent des adjuvants capables de remplacer le sel de bore. Certains reviennent aux formules antérieures, à base de phosphates d’amonium. D’autres, comme NrGaïaBio ont mis au point une formulation avec des additifs issus d’extraits de plante.
La ouate de cellulose contenant des sels de bore peut être vendue au moins jusqu’au 30 juin 2015, la CCFAT a en effet renouvelé les avis techniques du produit. (1) La CCFAT reconnaît que la réglementation européenne Reach autorise la présence de sels de bore jusqu’à une concentration de 5,5 %. Or, la teneur dans les ouates de cellulose est inférieure à ce seuil.
Autre point, l’Agence qualité construction (AQC), qui avait mis la ouate de cellulose en observation en janvier 2013 à cause des risques d’incendie liés à une mauvaise application du produit, a retiré sa mise en garde. En effet, les fabricants de ouate ont pris plusieurs mesures pour améliorer les pratiques des installateurs : les tableaux électriques, matériel de protection pour les spots, étiquettes sur les sacs, formation…
Rappelons qu’il existe aussi d’autres isolants naturels, très performants également ! Vous pouvez en retrouver la synthèse dans la fiche pratique qui leur est consacrée.
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(1)Site du ministère de la santé canadien : http://www.hc-sc.gc.ca/dhp-mps/pubs/natur/boron-bore-fra.php#a12
Sources : ecima.net, www.lamaisonnature.ch
Sur les isolants naturels :