MaPrimeRénov’, un dispositif trop complexe qui pousse beaucoup à abandonner

Alors qu’une rallonge de 100 millions d’euros pour le dispositif MaPrimeRénov’ vient d’être inscrite dans le budget 2023, on peut se demander comment l’État compte s’y prendre pour que les propriétaires bénéficient vraiment de tout cet argent.

Rédigé par Anton Kunin, le 28 Sep 2022, à 10 h 49 min
MaPrimeRénov’, un dispositif trop complexe qui pousse beaucoup à abandonner
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Les aides consenties sont, somme toute, modestes par rapport au coût total des travaux. En plus, les règles qui régissent l’octroi des aides MaPrimeRénov’ n’encouragent aucunement les propriétaires à entreprendre les travaux permettant un plus grand gain d’efficacité énergétique, car trop coûteux.

MaPrimeRénov’ : le reste à charge des ménages est trop important

Alors que le budget 2023 a été présenté en Conseil des ministres le 26 septembre 2022, on apprend que le dispositif « MaPrimeRénov’ » devrait être doté de 100 millions d’euros supplémentaires en 2023, pour un budget total de 2,6 milliards d’euros. Mais cette rallonge budgétaire sert-elle à quelque chose alors que les sommes distribuées sont maigres par rapport à ce budget global, et que le dispositif est suffisamment complexe pour en décourager plus d’un ?

Le bilan du premier semestre 2022 de « MaPrimeRénov’ », qu’a récemment publié l’Agence nationale de l’habitat (Anah), met un coup de projecteur sur les travaux entrepris par les bénéficiaires de ce dispositif et les montants octroyés. Parmi les bénéficiaires de « MaPrimeRénov’ », 45 % sont des ménages très modestes : ces derniers ont entrepris des travaux pour un montant moyen de 10.869 euros, dont ils ont obtenu 5.211 euros en moyenne au titre de la subvention. Les ménages modestes (qui représentent 22 % de l’ensemble des bénéficiaires), quant à eux, ont dépensé 11.306 euros en moyenne, dont 3.256 euros reçus au titre de la subvention. On peut donc dire que malgré l’existence de la subvention, l’effort financier demandé aux ménages modestes et très modestes est très important…

Isolation des murs avec ma prime rénov

Avec Ma Prime Rénov’, seuls les ménages aisés peuvent réaliser des travaux d’isolation plus ambitieux.

La complexité du dispositif et l’importance des délais laissent de nombreux propriétaires sur le carreau

La nature des travaux les plus entrepris par ces ménages modestes et très modestes n’inspire pas d’optimisme non plus : c’est, dans l’ordre, l’acquisition et l’installation d’un poêle à granulés, l’acquisition et l’installation d’une pompe à chaleur air-eau et l’acquisition et l’installation d’un chauffe-eau solaire individuel. Le gain d’efficacité énergétique est donc assez modeste par rapport aux travaux plus ambitieux entrepris par les ménages aisés (dont le Top 3 est : isolation des murs par l’extérieur, isolation de la toiture en pente et isolation des murs par l’intérieur). Il n’est alors pas étonnant si seules 2.500 anciennes « passoires thermiques » ont perdu ce statut en 2021, alors que l’objectif fixé par le gouvernement était de 80.000.

L’autre faiblesse du dispositif « MaPrimeRénov’ » réside dans sa complexité. Comme le révélait FranceInfo le 26 septembre 2022, nombreux sont les propriétaires qui ne vont pas jusqu’au bout et abandonnent. En cause, la suite ininterrompue des demandes de l’Agence nationale de l’habitat (Anah) de fournir un justificatif supplémentaire ou obtenir un tampon sur une certaine feuille. Le délai d’examen de ces pièces est très long (quelques semaines à quelques mois), ce qui fait qu’entre-temps les devis des artisans sont périmés, ce qui ne permet jamais aux ménages de profiter de ce dispositif.

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Journaliste de formation, Anton écrit des articles sur le changement climatique, la pollution, les énergies, les transports, ainsi que sur les animaux et la...

2 commentaires Donnez votre avis
  1. Je ne sais pas trop où vous avez trouvé vos chiffres. Nous avons eu 12 000 € de travaux et 360 € de Prime Renov’ (je peux fournir tous les justificatifs). C’était des travaux de double-vitrage et nous sommes non-imposables. En revanche, je confirme la grosse galère pour déposer son dossier, qui n’est jamais bon, où il manque toujours quelque chose. J’ai même dû leur dessiner plusieurs fois des grosses flèches rouges pour leur montrer que la mention qu’ils cherchaient était bien présente, alors qu’ils avaient refusé mon dossier en prétextant qu’elle ne figurait pas sur les documents. Peu importe la taille de la mention en fait, quand ils ne veulent pas voir, ils ne voient pas, c’est certain. Les artisans qui sont intervenus nous ont dit qu’ils avaient l’habitude, que l’Etat faisait tout pour décourager les gens et qu’ils renoncent à leur aide.
    Ensuite, le paiement devait avoir lieu dans les 15 jours, il a encore fallu attendre plusieurs mois et des dizaines de coups de téléphone pour finalement obtenir cette malheureuse obole.
    Donc il reste encore beaucoup, BEAUCOUP, d’efforts à faire.

    • Merci pour votre témoignage édifiant mais malheureusement pas étonnant

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