Forme d’agriculture innovante qui combine un élevage de poissons à la production de fruits et légumes, l’aquaponie émerge en Europe avec des projets ambitieux, de Berlin à l’Ardèche. Après l’industrie, c’est au tour de l’agriculture de faire son entrée dans l’économie circulaire !
L’aquaponie en ville : c’est parti à Berlin
C’est là un autre de ses avantages : une ferme aquaponique peut être mise en place partout, même en ville, supprimant ainsi la nécessité d’importation alimentaire depuis d’autres pays, et permettant donc de faire des économies de transport.
Depuis deux ans et demi, la société Efficient City Farming Farmsystems (ECF) a installé sur une friche industrielle berlinoise, une mini-ferme aquaponique élevant des poissons d’eau douce (sandres et perches) et cultivant 400 variétés de végétaux (salades, tomates, poivrons, fines herbes…) sans pesticides ni engrais chimiques.
© CC, ryan griffis
Ce prototype qui a servi de démonstrateur devrait être suivi dans le courant de l’année 2015 par la création d’une ferme de grande taille au sud de Berlin, la première d’envergure : 1 200m2 et un investissement de 1,1 million d’euros. Pour se procurer les produits de cette production originale, les Berlinois pourront se rendre dans le magasin de la ferme ou se faire livrer avec un système d’abonnement.
Et en France aussi, avec le projet solidaire d’Aquaponie Valley en région Rhône-Alpes
Le projet Aquaponie Valley en Ardèche, porté par Zak Abbaz est une ferme aquaponique innovante et responsable, qui d’après Zak Abbaz, n’empruntera la tendance qui se développe outre-atlantique où les détournements de l’aquaponie par l’utilisation d’intrants chimiques ont été constatés.
Innovante et responsable aussi puisqu’elle est destinée à employer des personnes porteuses de handicap de l’ESAT de Beauchastel (07), où se situe l’exploitation pilote. Une action qui vise à aider, réorienter et valoriser le travail des personnes vulnérables.
Le projet est également très original quant au choix des produits eux-mêmes : spiruline, plantes médicinales, plantes aromatiques plutôt que les habituelles salades et tomates…
© CC, Aquaponie Valley
L’élevage de poisson restera traditionnel : la truite arc-en-ciel, faute de législation française plus souple sur les poissons exotiques comme le tilapia pourtant idéal en aquaponie. Autre différence, le projet français serait plus autonome énergétiquement que ses concurrents par le recours aux énergies vertes. Zak Abbaz, déjà soutenu par la Croix Rouge Française et d’autres partenaires institutionnels et économiques, devrait lancer cette année une petite unité de production de 100 m2 avant de voir plus grand et plus loin notamment dans le Nord de la France, où abondent les friches industrielles. Reste encore à boucler le financement du projet…
Un coût non négligeable
Car l’aquaponie représente un coût non négligeable qu’il convient cependant de nuancer du fait de son coût environnemental très faible. Il faut en effet évaluer les coûts différemment, estiment ses défenseurs, qui soulignent également l’opportunité que l’aquaponie offre aux pays de l’Afrique sub-saharienne, en situation de déficit d’eau. Le choix des produits proposés semble également un facteur clé de succès.
© CC, Ryan Somm
Privilégier les fruits et légumes qui supportent mal le transport paraît essentiel pour l’aquaponie qui fonctionne en circuit court, pour contre-balancer le déficit potentiel de goût de produits cultivés hors-sol par rapport à ceux traditionnellement cultivés dans la terre.
Bonne chance à l’aquaponie, pourquoi pas « made in France », qui pourrait bien, sinon révolutionner l’agroalimentaire, mais tout au moins offrir une complémentarité durable et sûre à l’agriculture conventionnelle.
Pour en savoir plus : http://hydroponie.fr/aquaponie-valley