Si on connaît tous le rôle des forêts au niveau de la production d’oxygène, ce qui donne à la forêt Amazonienne le surnom de « poumon de la Terre » et qui justifie, entre autres, qu’il faille protéger ces étendues végétales, on a moins conscience que les forêts jouent également d’autres rôles majeurs, dont celui de filtre à bactéries.
Depuis plusieurs années, les chercheurs savent qu’il existe un lien entre les maladies, les forêts et leur destruction : la déforestation devient que plus dangereuse pour l’homme et pour la survie de nombreuses espèces.
Un lien entre déforestation et apparition de maladies infectieuses
Le 7 décembre 2016, dans la revue Science Advances(1), une nouvelle étude vient confirmer les thèses mais également expliciter un peu ces liens et les mécanismes sous-jacents à ces derniers. Ce qui est sûr, désormais, c’est que la déforestation augmente le risque de voir se répandre des maladies infectieuses nouvelles ou peu répandues auparavant.
C’est le cas, notamment, de la bactérie Mycobacterium ulcerans, responsable de l’ulcère de Buruli, que les chercheurs de l’IRD, de l’Inserm et de l’Université de Bournemouth, ont étudiée dans le cadre de cette recherche. Cette bactérie a été identifiée pour la première fois dans les années 60, mais restait rare. Désormais, notamment en Guyane française, les cas se font de plus en plus fréquents. On en compte entre 5.000 et 10.000 chaque année dans 33 pays différents.
La forêt : un filtre naturel détruit à petit feu
Selon les chercheurs, le lien entre déforestation et propagation des agents infectieux est simple : la forêt et son écosystème agissent comme un filtre. Les agents bactériens qui sont présents en quantité dans les sédiments, et les écosystèmes aquatiques complexes agissent comme un filtre entre ces bactéries et l’homme.
Mais la déforestation détruit ces écosystèmes, et les agents infectieux peuvent se retrouver sur des espèces opportunistes, arrivées sur les terres après que l’Homme ait détruit la forêt. Ces espèces transmettent alors ces agents à l’homme via sa nourriture, mais aussi via l’eau : lors de récoltes ou de fortes pluies, ces bactéries initialement cantonnées à l’intérieur des forêts se retrouvent à proximité des communautés humaines.