Le 4 juillet 2007, le président du CIO, Jacques Rogge, annonçait Sotchi comme ville hôte des 22èmes Jeux Olympiques d’hiver, dotés d’un budget record de 36 milliards d’euros (un record !), un village olympique et des pistes de ski sont sortis de terre à Sotchi, paisible ville balnéaire. Quel coût pour l’environnement ? Le bilan fait déjà polémique.
Des jeux Olympiques Verts ? en façade….
Est-il possible d’envisager une compétition sportive internationale, comme les Jeux Olympiques d’hiver, comme un événement écologiquement vertueux ?
Si on s’en tient au programme « Jeux en harmonie avec la nature » du Comité olympique que l’on peut consulter sur le site officiel de Sotchi 2014, on a envie d’y croire. En effet, le programme développe en quelques points sa stratégie de protection de l’environnement pour l’avant JO, pendant la compétition et même une fois les Jeux terminés.
Le JO, organisme privé sans aucun contrôle, comme la FiFA, est de plus en plus contesté : soupçons de corruption, choix contestables, affairisme, primat de l’argent sur l’esprit sportif, népotisme.. L’esprit des JO a-t-il été perverti par un club de vieux nantis ?
Le programme « Jeux en Harmonie avec la Nature » se veut très exigeant. On peut ainsi voir que :
- Le choix des emplacements des sites Olympiques n’a pu être opéré que dans le respect des principes de développement durable et de protection de l’environnement.
- Des dispositions ont été prises pour que les déchets soient traités.
- une politique de gestion de l’eau a dû être mise en place, eau qui a du d’ailleurs être préservée de toute source de pollution
- les espaces verts déjà existants ont du être agrandis, la faune et la flore préservées
Sotchi a même participé à la Campagne pour un milliard d’arbres de l’ONU en 2010.
La création à partir de zéro de la station de ski de Rosa Khutor, qui accueillera les épreuves de ski alpin et de snowboard a coûté à elle seule 1,8 milliard d’euros – soit plus que le budget total des JO de Vancouver en 2010.
Aux JO de Sotchi, douze policiers pour un athlète
Ainsi, les organisateurs des JO de Sotchi ont-ils prévus de réhabiliter les zones naturelles qui ont été perturbées dès la clôture des Jeux. Encore mieux : il a été prévu de développer les zones naturelles protégées de Sotchi. Cela passera par :
- la création d’un parc ornithologique dans la vallée d’Imeretinskaya ;
- un programme de réintroduction du léopard perse ;
- l’agrandissement du parc naturel de Sotchi ;
- de nouvelles infrastructures scientifiques et à visée éducatives dans la Réserve de biosphère du Caucase…
Comme l’indiquait D. Kozak, membre russe du CIO, « la Russie a promis de préserver et de promouvoir l’écosystème de la ville et d’introduire des normes et des technologies de développement durable. Nous pouvons dire aujourd’hui, au moment où le projet de modernisation de la région et la préparation aux Jeux olympiques touchent à leur fin, que la Russie respectera pleinement ses engagements ».
Depuis le début du chantier, des embouteillages permanents étouffent la ville et la qualité de l’air est remise en cause. En réaction, le gouvernement russe impose un rationnement de l’essence pour limiter les déplacements de la population pendant les Jeux.
Mais forcément, la construction de 77 ponts, 12 tunnels percés dans la montagne et 4 stations de ski créées à partir de rien ne peut pas être sans aucun impact sur l’environnement.
Des JO forcément pas écolo !
Sans grande surprise, du côté des militants écologistes, on ne tient pas du tout le même discours. On ne croit pas une seconde que les JO ait rempli leurs objectifs en termes d’empreinte carbone directe liée aux préparations et au déroulement des Jeux – comme l’affirme les organisateurs avant même que les Jeux n’aient débuté ! (voir sur le site officiel des Jeux).
Selon les ONG qui se sont penchées sur ces Jeux, tout ça n’est que du greenwashing. Par exemple le spécialiste des zones protégées de Greenpeace explique que, « cela n’est que du greenwashing. Il est impossible de reproduire le même écosystème. Les conditions naturelles originelles et complexes ont été transformées ».
Pour Hervé Lethier par exemple, spécialiste des questions liées au vivant et consultant entre autres pour le Pnue et l’Unesco, vouloir faire du développement durable avec les Jeux Olympiques est un non-sens. Il souligne en effet qu’« à l’occasion de l’organisation d’un événement ponctuel, qui dure deux semaines, on produit des effets à long terme, qui modifient profondément le contexte. »
Le chemin de fer et l’autoroute construits pour les JO
Ainsi, ce n’est pas avec un programme de préservation ni même l’application à la lettre des 80 mesures recommandées par le Pnue au gouvernement russe qui préserveront l’environnement. Certains dommages sont tout simplement irréversibles.
30 % à 50 % des fonds destinés à préparer ces JO d’hiver se seraient perdus en corruption.
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> suite : les militants dénoncent un massacre écologique