Quelle que soit la décision de la Commission européenne sur la réautorisation du glyphosate, le gouvernement allemand est bien déterminé à l’interdire dans son pays d’ici fin 2023.
Le ministère allemand de l’Environnement a aussi annoncé que le pays voterait « non » lorsqu’il s’agira de se prononcer sur la réautorisation ou non du glyphosate à l’échelle de l’Union européenne.
Au niveau national, l’Allemagne légifère contre le glyphosate
Malgré sa déclaration en tant que « cancérogène probable » par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), une institution dépendant de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’interdiction du glyphosate à l’échelle de l’Union européenne est tout sauf acquise. Lors du vote en octobre 2017 censé décider du sort de la molécule controversée, neuf pays (la France, la Belgique, l’Italie, l’Autriche, la Grèce, le Luxembourg, la Croatie, Chypre et Malte) avaient voté contre sa réautorisation pour cinq années supplémentaires. Dans un bloc comprenant 28 pays, 9 opposants ne suffisent clairement pas à inverser le rapport de forces.
Lire aussi : Comment éviter les produits Monsanto ?
L’Allemagne a donc décidé de prendre son destin en main et interdire les herbicides à base de glyphosate sur son territoire, quelle que soit l’issue du prochain vote sur sa réautorisation. D’ici 2023, le pays ambitionne donc de réduire l’utilisation du glyphosate d’au moins 75 %, avant de l’éliminer complètement.
Le glyphosate est soupçonné d’être un perturbateur endocrinien – © Photoagriculture / Shutterstock.com
Le glyphosate de moins en moins en odeur de sainteté en Europe
Cette démarche de l’exécutif allemand fait suite à d’autres prises de position « individuelles », ailleurs en Europe, visant à bannir le glyphosate. En juillet 2019, le parlement autrichien avait ainsi voté une loi interdisant toute utilisation du glyphosate. En France, une vingtaine de maires ont également pris des arrêtés l’interdisant sur le territoire de leurs communes. La prise de conscience s’accélère également en Allemagne. En août 2019, le transporteur ferroviaire Deutsche Bahn a annoncé son intention de réduire de 50 % son utilisation du glyphosate pour désherber les voies ferrées.
Rappelons que 18.000 personnes poursuivent actuellement en justice Bayer, dont la filiale Monsanto avait développé le premier herbicide à base de glyphosate. Elles affirment que leur cancer est dû à cette molécule.
Illustration bannière : L’interdiction de cet herbicide produit par Monsanto entrera en vigueur le 31 décembre 2023 en Allemagne © defotobergShutterstock