De la même manière que pour les légumes, tous les bio ne se valent pas.
Dans les fermes géantes de cultures de fraises espagnoles de la Huelva (cf.L’espagne ne devrait plus ramener sa fraise……) ou roumaines, on peut tout à fait avoir des serres produisant de la fraise arrosée aux phytosanitaires dans des cultures hydroponiques hors-sol ; et juste à coté, d’autres cultures identiques qui ne sont pas traitées et bénéficient du label bio européen.
D’un coté, on a donc des fraises qui plongent leurs racines dans du gravier et de la laine minérale, et de l’autre, les fraises bio dont les racines plongent dans du sable isolé du sol par du plastique.
Dans les deux cas, elles sont cultivées sous le même type de serre avec le même personnel, … Quant aux fraises bio, elles sont pas pour autant des fraises de plein champ cueillies à maturité… Les deux peuvent se retrouver côte à côte sur les étals de l’agriculture bio.
Ainsi, l’évolution de la filière bio au niveau européen ouvert large la porte aux « gros faiseurs », aux grosses coopératives et industriels du bio dont les conditions d’exploitation ne sont parfois pas si éloignés des filières de l’agriculture industrielle classique, hormis qu’elles ne recourent pas aux pesticides et produits phytosanitaires. Dans une même exploitation, selon le label Bio européen, on peut produire du Bio et du non Bio. Le label Bio européen est, sur certains points, plus laxiste que ne l’était le label AB ; par exemple, en ce qui concerne l’élevage, il n’obligea plus à produire directement sur la ferme une part de l’alimentation du bétail.
Cette évolution est à court terme inéluctable tant la demande du consommateur et donc de la grande distribution est forte et tant est insuffisante l’offre française de bio artisanale et local. Alors comment faire pour choisir entre bio artisanal et bio « industriel » ?
On peut se rabattre sur des labels plus exigeants comme Demeter ou Nature & Progrès par exemple. Ces labels sont critiques des organismes certificateurs, du fait de leur coût mais aussi parce que leurs propres critères sont plus exigeants que les critères européens.
Produire locale plutôt que multiplier les contrôles
Après le scandale italien, le premier réflexe a été de multiplier les contrôles. Mais ce n’est pas la solution. Comme le résume très bien le président de l’IFOAM Europe (International Federation of Organic Agriculture Movements), Christopher Stopes, le bio ne concerne pas que les importations et les produits labellisés. « Plutôt que d’importer pour combler une demande très supérieure à l’offre disponible, il est urgent et nécessaire de développer la bio » ici et maintenant « , sur les territoires français, en aidant les agriculteurs conventionnels à évoluer vers la bio et en soutenant les installations bio « .
Trop de labels ? !
Dans notre annuaire des labels, à la seule rubriques Labels alimentation, nous comptons 23 labels différents. Et nous ne comptons pas les faux labels de la grande distribution genre Leclerc Bio, Carrefour Bio, … C’est sans doute bien trop pour que le consommateur s’y retrouve. A tel point que nous sommes interviewés par la télévision pour « décrypter le maquis des labels »…
Etre bio-vigileant
Mais souvent c’est à nous, les consommateurs, de faire preuve de bon sens et d’attention : tout simplement en posant des questions aux marchands. « D‘où viennent vos produits ? », « Comment sont-ils cultivés ? », voilà deux questions toutes simples qui suffisent parfois à faire la part du bio « industriel » ou d’importation, du « vrai » bio local et respectueux de la nature. Par ailleurs, ne jetons pas bébé avec l’eau du bain : l’ensemble de la filière bio est saine et se développe harmonieusement, y compris via la grande distribution. Il suffit donc d’être un peu bio-vigilant pour se nourrir en bio et avec profit.
*
Ci-dessous, un tableau dans lequel nous résumons les critères principaux qui différencient un poulet bio d’un poulet Label Rouge et d’un poulet Bio AB.
La lettre Alimentation est normalement diffusée chaque jeudi. Elle est gratuite et il est facile de s’abonner (ou se désabonner). Voir le n°3 de la Lettre hebdomadaire
L’alimentation est l’un des besoins primaires des êtres humains, le rez-de-chaussée même de la pyramide de MASLOW. On pourrait croire alors, que le monde avec ses évolutions vertigineuses et successives, a depuis longtemps su répondre à ce besoin essentiel où que ce soit sur la planète.
Le moins que l’on puisse dire est qu’il n’en est rien. Face à la croissance démographique mondiale amorcée au 19ème siècle, à la deuxième révolution industrielle et à l’urbanisation accélérée, les modes de consommations ont subi une mutation sans précédent, voyant le modèle de l’agriculture industrielle se généraliser, l’apparition des marques et des réseaux de distribution.
La demande extrêmement forte d’après-guerre a poussé les industriels de l’agroalimentaire à aller toujours plus loin dans la quête de la productivité et de rentabilité. Culture intensive, déforestation, généralisation de l’utilisation de produits chimiques de la production à la transformation, spéculations sur les denrées etc.
Si ces évolutions ont permis sans équivoque de faciliter l’accès des populations occidentales à une alimentation variée et bon marché, elles se sont fait au détriment d’une agriculture paysanne dans les pays occidentaux comme ceux du sud, avec une pression énorme sur les petits producteurs qui ont dû se plier aux exigences toujours plus contraignantes des acteurs de la grande distribution.
La suite si vous souhaitez approfondir : http://lebilletdd.wordpress.com/2013/11/22/le-developpement-durable-et-le-bio/