Cette information dont le Guardian(1) anglais s’est fait écho l’année dernière devrait convaincre même les plus sceptiques : oui, le travail et l’activisme des associations peut donner des résultats concrets ! Cela se produit même lorsqu’on s’attaque à des « Goliath » : Nike, qu’on ne présente pas, a plié sous la pression des activistes qui l’exhortent depuis des années à employer des méthodes plus éthiques. Le géant américain n’a eu d’autre choix que de changer sa politique et ses pratiques.
Un travail de longue haleine pour la défense des droits
Cela fait 20 ans que Nike est régulièrement attaqué pour des pratiques plus que douteuses dans le meilleur des cas, inadmissibles voire inhumaines dans d’autres. Le spécialiste américain des vêtements, accessoires et matériel de sport s’est fait épinglé plus d’une fois sur le terrain des conditions de travail déplorables pour les ouvriers des usines sous-traitantes.
La photo de cet enfant Pakistanais cousant des ballons de foot a fait le tour de la Planète en 1997
Nike a souvent été pris en exemple de l’horreur via des photos chocs ou par le biais de documentaires dénonçant les pratiques honteuses de certaines multinationales.
Parmi elles, citons le travail des enfants, le recours aux sweatshops (ces ateliers de misère où les travailleurs, véritables esclaves, sont exploités et soumis à des conditions contraires à toute morale) ou les licenciements massifs alors que l’entreprise enregistre de gros bénéfices.
Ces méthodes répréhensibles sont très bien illustrées dans le documentaire de Michael Moore The Big One sorti en 1997.
Extrait de the Big One, incriminant Phil Knight, le Pdg de Nike
Michael Moore – The Big One par Fanoufm
Les campagnes anti-Nike des années 1990(2)
Les années 1990 se sont révélé la période la plus faste économiquement pour Nike (la firme enregistre un CA de 9,2 milliards de dollars en 1997 et un bénéfice record de 795 millions de dollars) mais aussi celle où l’empire américain a subit les plus vives critiques. Des campagnes anti-Nike ont été menées par des activistes dénonçant les pratiques des sous-traitants, en tout point non conformes à l’éthique communément acceptée dans les pays développés : liberté syndicale bafouée, conditions de travail, le travail forcé, le travail des enfants…
En 2002, une enquête de Novethic révélait que Nike était citée en première position comme marque « non éthique » (8,2 % des réponses).
La marque est devenue bien malgré elle le symbole d’une nécessaire lutte contre ces pratiques indignes. « Nike est devenue la cible des militants parce qu’elle était la plus vendue au monde et parce qu’elle a, au départ, a nié toute responsabilité pour toute faute qui pourrait avoir lieu dans ses usines de sous-traitance », explique Rob Harrison, rédacteur en chef du guide de la consommation éthique Ethical Consumer.
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La suite p.2> Des attaques qui portent leurs fruits