Des attaques qui portent leurs fruits(3)
Un sweatshop de Nike en Chine
Voyant son chiffre d’affaires diminuer et son image se ternir, Nike n’a eu d’autre choix que de changer. La firme a ainsi opté pour plus de transparence et davantage de contrôle chez ses sous-traitants.
En 2005 par exemple, Nike publie une liste détaillée des conditions de travail dans ses 704 usines de sous-traitance à travers le monde. Dans un rapport intitulé Responsabilité d’Entreprise, la multinationale se livrait à une sorte d’aveu « Notre industrie est à la croisée des chemins (…) En faisant preuve de transparence avec cette liste (…) nous espérons encourager d’autres à se joindre à nos efforts de coopération ».
En termes d’actions plus concrètes, Nike a instauré des normes de travail communes chez tous les sous-traitants. Pour répondre aux plaintes de harcèlement, phénomène soulevé dans plusieurs usines, qu’il s’agisse de harcèlement moral ou sexuel, elle a aussi mis en place un système confidentiel de dépôts de plainte, afin de protéger les victimes d’éventuelles représailles.
Ainsi en Chine, Nike a mis en place, avec l’appui d’ONG locales des « boîtes aux lettres, des numéros d’appel téléphoniques spécifiques, des adresses de courrier électronique et un accès aux organisations syndicales » pour que les salariés puissent exprimer leurs griefs. La Chine est le pays où Nike possède le plus d’unités de sous-traitance, avec 124 unités. Viennent ensuite la Thaïlande (73 usines), les États-Unis (49), l’Indonésie (39), la Corée du Sud (35), le Vietnam (34), la Malaisie (33), le Sri Lanka (25), le Japon (22), le Mexique (20), le Portugal (20), Taïwan (19) et l’Inde (18).
Greenpeace et sa campagne Detox
La campagne Detox menée par Greenpeace fait suite aux résultats d’investigations ayant duré plusieurs mois auprès de plusieurs grandes marques internationales de vêtements, dont Nike.
Detox a eu pour but de prouver comment certaines grandes marques internationales travaillent avec des fournisseurs chinois qui polluent les rivières en rejetant des produits chimiques toxiques. En effet, des prélèvements dans les eaux proches de ces usines ont révélé la présence de nonylphenols et autres alkiphénols, ainsi que des PFC (perfluorocarbures), reconnus pour leur rôle de perturbateurs endocriniens. Les conséquences sur l’environnement sont tout aussi désastreuses, car les substances entrent en contact avec tout un écosystème, avec des répercussions sur toute la chaîne alimentaire.
En 2011, Greenpeace annonçait sa victoire : Nike faisait publiquement part de ses engagements(4), emboîtant le pas se son concurrent Puma. Ainsi, le groupe promettait de faire le ménage dans sa chaîne de production, en garantissant « une transparence totale vis-à-vis de tous les produits chimiques rejetés par les usines de ses fournisseurs ». La firme s’est du même coup engagée à « mettre à profit son influence, ses connaissances et son expérience pour mettre un terme à l’utilisation de substances chimiques dangereuses par l’industrie du textile.»
Évidemment, ce n’est pas la panacée ! Des problèmes subsistent toujours chez Nike, notamment au niveau du travail des enfants. Si en 2003 et 2004 l’entreprise prétendait n’avoir soulevé « que » 5 cas d’embauche d’enfants après des audits menés dans 569 de ses usines, on peut avoir de sérieux doutes quant à l’exactitude de ces informations. Mais il faut dire qu’en matière d’éthique, l’entreprise part vraiment de loin. Ces décisions sont donc un réel encouragement vers des pratiques commerciales plus propres.
(1) How activism forced Nike to change its ethical game, The Guardian
(2)Source Nacer GASMI et Gilles GROLLEAU – Revue Française de gestion
(3)Source : Le Nouvel Observateur Nike joue la transparence sur ses usines
(4)Campagne Detox a découvrir sur le site de Greenpeace international www.greenpeace.org. Consulter le rapport Dirty Laundy
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