Antienne des militants anti-éoliennes : les éoliennes tueraient – massivement – les oiseaux. Question importante que se posent aussi nos lecteurs. Qu’en est-il ? Une étude de la Ligue pour la Protection des Oiseaux, que l’on ne peut suspecter de ne pas vouloir le bien des oiseaux, vient confirmer ce que révélaient de précédents travaux : les éoliennes sont bien la cause de morts additionnelles d’oiseaux, mais on est bien loin du massacre.
Le progrès technique au secours des éoliennes et de l’avifaune
Face à un danger qui reste non négligeable, la LPO adresse un certain nombre de recommandations au gouvernement français :
- Élaborer sans plus tarder un protocole de suivi robuste applicable à tous les parcs éoliens afin de conforter dans le temps le suivi de l’impact des parcs en fonctionnement.
- Mieux prendre en compte les migrateurs nocturnes lors du développement des projets éoliens.
- Préserver les espaces vitaux des rapaces diurnes, premières victimes des éoliennes au regard de leurs effectifs de population.
- rejeter l’implantation d’éoliennes à l’intérieur et à proximité des Zones de Protection Spéciale.
Le progrès technique aidant, on trouve par ailleurs des manières d’atténuer le danger représenté pour les oiseaux par les éoliennes. Une technique consiste à ralentir les aubes de turbines pendant la nuit – au moment où la vitesse du vent est de toute façon la plus basse et où les chauves-souris sont les plus actives. Le projet de recherche Casselman sur l’énergie éolienne aux États-Unis a permis de réduire la mortalité de la faune de 73 %.
Faire démarrer les pales avec un vent plus fort
Cette solution a été testée par le producteur électrique Iberdrola Renewables, dans le cadre de son projet situé dans le comté de Somerset, en Pennsylvanie. Alors que la plupart des éoliennes sont prévues pour se mettre en marche lorsque la vitesse du vent atteint 4 m/s, cette entreprise a fait démarrer les siennes à 5,50 m/s. Conséquence positive, le taux de mortalité des chauves-souris, qui volent moins par grand vent a chuté de 93 %, tandis que la production d’énergie n’a chuté que de 1 %(6).
En Écosse, les chercheurs de l’Université d’Aberdeen, aidés financièrement par la population afin de défendre les espèces menacées, obtiennent des résultats satisfaisants. Ils utilisent des radars pour détourner les chauves-souris des pales des éoliennes.
Car il reste un mystère non résolu : pourquoi les chauves-souris et les oiseaux, si habiles par ailleurs, sont attirés par les pales en rotation et n’arrivent parfois pas à les éviter ? Comme l’attestent les ornithologues, certains oiseaux, dont la vue est le sens le plus affuté, voient les éoliennes et les évitent. Pour les autres, il faudrait inventer des dispositifs d’alerte ou de répulsion plus efficaces. Des recherches sont menées à ce sujet.
Les arguments anti-éoliennes, syndrome du NIMBY ?
En anglais, on appelle ça le syndrome NIMBY, pour Not-In-My-BackYard, ou « pas dans mon jardin » : le fait que nous tous acceptions de voir de nouveaux équipements utiles au bien public être construits, sauf s’ils sont installés près de chez soi. Ce syndrome du « d’accord, mais pas chez moi » touche particulièrement les éoliennes : trop bruyantes disent les uns, disgracieuses et néfastes à la vue disent les autres, ou encore trop dangereuses pour les oiseaux, argumentent d’autres.
Au total, même s’il n’est pas nul, l’impact des éoliennes est très limité par rapport à celui d’autres activités humaines : pollution atmosphérique, agriculture intensive, collision avec les vitres d’immeubles allumés la nuit, avec les voitures ou les fils électriques, prédation des chats domestiques, chasse, aviation… Amoureux des oiseaux et de la faune aérienne, choisissez le bon combat !
Références :
- http://eolien-biodiversite.com/IMG/pdf/eolien_lpo_2017.pdf (Cliquez sur cette source pour remonter)
- ERICKSON, W.P., JOHNSON, G.D. & YOUNG JR., D.P. 2005 : A Summary and Comparison of Birds Mortality from Antropogenic Causes with Emphasis on Collisions. USDA Forest Service, Technical Report PSW-GTR-191 : 1029-1042 (Cliquez sur cette source pour remonter)
- “Synthèse des sources de mortalité aviaire d’origine anthropique au Canada”, http://www.ace-eco.org/vol8/iss2/art11/ (Cliquez sur cette source pour remonter)
- Benjamin Sovacool, “Contextualizing avian mortality : A preliminary appraisal of bird and bat fatalities from wind, fossil-fuel, and nuclear electricity”, https://ideas.repec.org/a/eee/enepol/v37y2009i6p2241-2248.html (Cliquez sur cette source pour remonter)
- The impact of free-ranging domestic cats on wildlife of the United States, Scott R. Loss, Nature Communications, 4, Article number : 1396 (2013) (Cliquez sur cette source pour remonter)
- Étude menée pour Bat Conservation International, organisme installé à Austin (Texas) et consacré à la protection des chauves-souris. (Cliquez sur cette source pour remonter)
- « Synthèse des sources de mortalité aviaire d’origine anthropique au Canada », http://www.ace-eco.org/vol8/iss2/art11/ (Cliquez sur cette source pour remonter)
- Benjamin Sovacool, « Contextualizing avian mortality : A preliminary appraisal of bird and bat fatalities from wind, fossil-fuel, and nuclear electricity », https://ideas.repec.org/a/eee/enepol/v37y2009i6p2241-2248.html (Cliquez sur cette source pour remonter)