Antienne des militants anti-éoliennes : les éoliennes tueraient – massivement – les oiseaux. Question importante que se posent aussi nos lecteurs. Qu’en est-il ? Une étude de la Ligue pour la Protection des Oiseaux, que l’on ne peut suspecter de ne pas vouloir le bien des oiseaux, vient confirmer ce que révélaient de précédents travaux : les éoliennes sont bien la cause de morts additionnelles d’oiseaux, mais on est bien loin du massacre.
Gratte-ciel, chasse, énergies fossiles et… chats domestiques
Albert Manville, un célèbre ornithologue américain, affirme ainsi que quelque 440.000 oiseaux seraient tués au total par les éoliennes aux États-Unis chaque année. Mais comme le note lui-même ce défenseur de l’environnement, ce nombre est à relativiser au regard des dizaines de milliards d’oiseaux qui traversent les États-Unis chaque année.
Ses analyses confirment ceux d’une étude exhaustive menée au Canada sur les causes de mortalité des oiseaux, où l’on constate qu’il y a de nombreuses raisons de se préoccuper de celle-ci, mais que les éoliennes ne sont pas le premier combat à mener. Dans une des études les plus exhaustives menée à ce jour, publiée en 2013 dans la revue Avian Conservation & Ecology, les auteurs publient le tableau éclairant suivant :(7)
Le phénomène est peu visible mais massif : Daniel Klem, professeur d’ornithologie et de biologie américain, concluait après une étude menée en 2009 sur 75 sites de Manhattan à New-York, qu’un milliard d’oiseaux meurent du fait de collisions avec une surface vitrée d’immeuble. Le traumatisme crânien qui en résulte est mortel une fois sur deux. Il n’y aurait pas, explique-t-il, de configuration architecturale sans risque pour les oiseaux : « les oiseaux ne peuvent tout simplement pas voir les surfaces vitrées comme des barrières à éviter« .
Les surfaces vitrées d’immeuble sont la deuxième cause de mortalité des oiseaux après la destruction des habitats. De plus, réduire les éclairages la nuit permet de réduire les confusions avec les étoiles et la lune et donc réduire les collisions et les morts d’oiseaux. Une raison de plus de lutter contre l’éclairage des bureaux la nuit.
Sans nier les risques des éoliennes pour les oiseaux, il faut noter qu’elles pâtissent de leur réputation en comparaison d’autres sources d’énergies, fossiles notamment, pourtant bien plus nocives et responsables de la mort de plus d’animaux.
Une étude américaine récente, Comparaison des effets signalés et des risques pour la faune vertébrée – qui semble être la seule étude comparative de la production d’électricité présentant un risque de mortalité pour la faune – conclut que, grâce aux émissions de dioxyde de soufre, d’oxyde d’azote, de dioxyde de carbone et de mercure, les centrales au charbon tuent bien plus d’animaux que les éoliennes(8).
Oiseaux et éoliennes © J. Marijs
Par ailleurs, il faut rappeler que bien d’autres facteurs humains tuent les chauves-souris et les oiseaux : aéroports et avions, plates-formes pétrolières, tours de refroidissement, grattes-ciel, animaux domestiques, chasse.
- On estime ainsi que la chasse tue plusieurs millions d’oiseaux chaque année.
- Les chats domestiques sont une cause majeure de mortalité pour les oiseaux comme le montre une étude menée aux États-Unis : 1,4 à 3,7 milliards d’oiseaux tués dans le pays chaque année par les animaux domestiques se promenant dans la nature.(5)
Comme les chauves-souris volent rarement sur l’océan, les éoliennes offshore ont un effet négligeable sur leur mortalité. Globalement les éoliennes offshore semblent également causer une très faible mortalité des oiseaux. Au Danemark, la ferme éolienne Nysted Offshore Wind Farm, a été construite sur une voie de migration de canards sauvages. Pourtant, la mortalité de ceux-ci est très basse, chaque tour éolienne tuant « seulement » 1,2 oiseau par an.
Lire page suivante : recommandations de la LPO et progrès technique au secours de l’avifaune
Références :
- http://eolien-biodiversite.com/IMG/pdf/eolien_lpo_2017.pdf (Cliquez sur cette source pour remonter)
- ERICKSON, W.P., JOHNSON, G.D. & YOUNG JR., D.P. 2005 : A Summary and Comparison of Birds Mortality from Antropogenic Causes with Emphasis on Collisions. USDA Forest Service, Technical Report PSW-GTR-191 : 1029-1042 (Cliquez sur cette source pour remonter)
- “Synthèse des sources de mortalité aviaire d’origine anthropique au Canada”, http://www.ace-eco.org/vol8/iss2/art11/ (Cliquez sur cette source pour remonter)
- Benjamin Sovacool, “Contextualizing avian mortality : A preliminary appraisal of bird and bat fatalities from wind, fossil-fuel, and nuclear electricity”, https://ideas.repec.org/a/eee/enepol/v37y2009i6p2241-2248.html (Cliquez sur cette source pour remonter)
- The impact of free-ranging domestic cats on wildlife of the United States, Scott R. Loss, Nature Communications, 4, Article number : 1396 (2013) (Cliquez sur cette source pour remonter)
- Étude menée pour Bat Conservation International, organisme installé à Austin (Texas) et consacré à la protection des chauves-souris. (Cliquez sur cette source pour remonter)
- « Synthèse des sources de mortalité aviaire d’origine anthropique au Canada », http://www.ace-eco.org/vol8/iss2/art11/ (Cliquez sur cette source pour remonter)
- Benjamin Sovacool, « Contextualizing avian mortality : A preliminary appraisal of bird and bat fatalities from wind, fossil-fuel, and nuclear electricity », https://ideas.repec.org/a/eee/enepol/v37y2009i6p2241-2248.html (Cliquez sur cette source pour remonter)