Alors que le plan Eco-Phyto visait à réduire de moitié le recours aux pesticides, ils sont toujours de plus en plus utilisés par les agriculteurs français, mettant en danger notre santé.
Suite à l’annonce du Ministre : « Le Ministre après avoir pris le temps d’un examen approfondi des préconisations du rapporteur proposera les grands axes de la nouvelle version du plan Ecophyto à l’occasion du Comité National d’Orientation et de Suivi le 30 janvier 2015 »(1), cet article sera prochainement mis à jour => C’est ici.
Ecophyto / pesticides – Des objectifs ambitieux, mais pas atteints
Lancé en 2008 par le Grenelle de l’Environnement, le plan Ecophyto visait à réduire de moitié le recours aux pesticides dans l’agriculture française d’ici 2018. Aujourd’hui, dans le pays en Europe qui consomme le plus de pesticides, les résultats à mi-parcours ne sont pas à la hauteur des attentes initiales : les recours aux herbicides et aux fongicides continuent d’augmenter et, selon un communiqué du ministère de l’agriculture, le recours aux produits phytosanitaires a même augmenté en France de 5 % en moyenne entre 2009 et 2013 avec une accélération entre 2012 et 2013. Seul point positif : le recours aux insecticides a diminué.
Si les raisons de cet échec s’expliquent en partie par une météo très pluvieuse en 2013, il est clair aussi que les pratiques peinent à évoluer.
La preuve est dans le pré
Face à cet échec, le gouvernement se voit donc obligé de repousser son objectif de réduction de moitié du recours aux pesticides à l’horizon 2025. Pour y parvenir, il souhaite continuer à mettre en valeur les pratiques économes et performantes constatées au sein d’un réseau pilote de fermes dénommé DEPHY (Démonstration, Expérimentation et Production de références sur les systèmes économes en pHYtosanitaires).
Lancé en 2009, ce réseau comprend aujourd’hui 2 000 fermes pilotes qui expérimentent de nouvelles pratiques montre que l’on peut réduire le recours aux produits phytosanitaires de 12 % tout en conservant de très bons rendements.
Voici quelques-unes des recettes pratiques de ces fermes innovantes :
1. La conversion au bio-contrôle :
il s’agit pour l’agriculteur d’étudier ses plantes, de les observer pour leur apporter la juste dose de produits phyto-sanitaires, au bon moment, alors que la pratique actuelle des agriculteurs tend vers plus d’automatismes guidés par les recommandations de l’industrie chimique.
2. Du matériel d’épandage plus performant :
faire le choix par exemple de pulvérisateurs mieux réglés pour mieux doser la quantité de produits phyto-sanitaires à utiliser.
3. Plus de rotations à base de variétés résistantes
il faudrait généraliser la technique de l’assolement connue depuis le Moyen-Age qui consiste à éviter de mettre toujours une même culture sur ses terres. Les plantes ne puisant pas les mêmes substances dans la terre, il convient donc d’organiser une rotation des cultures d’autant plus que certaines cultures, comme le pois, apportent un engrais naturel essentiel comme l’azote.
Moins de pesticides rapidement
Voilà des mesures qui devraient permettre d’atteindre rapidement 25 % de pesticides en moins, selon Dominique Potier, député PS de Meurthe-et-Moselle, également agriculteur bio et auteur d’un rapport destiné à relancer le plan Ecophyto.
Ce dernier recommande de trouver des financements supplémentaires – déjà 360 millions d’euros investis en cinq ans – pour former les agriculteurs et les accompagner pour opérer ce changement de pratiques. Les incitations fiscales seraient également bienvenues mais vite : la pollution de l’eau, de l’air et des sols, surtout dans les régions céréalières et viticoles, menace notre santé.
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(1) source : http://agriculture.gouv.fr/Utilisation-pesticides-perspectives-d-avenir