Bien des analystes considèrent que la crise que nous traversons offre une dimension systémique qui justifie une réponse globale. Pour répondre à la crise économique et la crise écologique, il faut donc se doter d’un cadre théorique qui permet d’avoir une vision d’ensemble. Seul un plan d’action d’ensemble est susceptible d’être à la hauteur d’une mutation systémique qui s’inscrit dans la durée.
C’est cette volonté de synthèse et d’approche globale sortie des contraintes du seul court terme, qui a donné naissance à la notion d’économie positive. Un peu lâche, cette concept a toutefois la qualité de nous donner un prisme de lecture auquel on peut rattacher à peu près toutes les initiatives qui bouillonnent un peu partout dans le monde.
Qu’est-ce qu’une économie positive ?
Un économie « positive » est une économie dont l’ensemble du fonctionnement contribue à préserver les intérêts de l’environnement et des générations futures.
Tout, ses institutions, son système éducatif, ses structures économiques dominantes, … sa culture ont le souci de ne pas obérer le futur des générations qui vont nous succéder.
Pour quantifier cette économie positive, le Mouvement pour une économie positive, lancé par Jacques Attali [1] a élaboré un indice qui mélange 29 indicateurs pour déterminer le degré de « positivité » d’un pays et de son économie. [2]. En somme l’économie positive tente une synthèse de toutes ces approches que nous avons mentionnées (RSE, développement durable, Jugaad, économie bleue, l’économie circulaire, l’économie de la fonctionnalité, inclusive business, …)
Trois indicateurs particuliers ont été créés spécifiquement pour cette indice de l’économie positive :
1 – la mesure le niveau de reproduction des inégalités par le système éducatif,
2 – la représentativité du Parlement (diversité des âges des parlementaires,…),
3 – le degré de tolérance aux autres (acceptabilité des pratiques sexuelles ou religieuses différentes des pratiques dominantes, acceptabilité des personnes d’origines différentes).
Ces trois critères sont peu présents dans les autres visions, plus économiques, de cette nouvelle société. L’économie positive accorde ainsi une grande importance au facteur éducatif et humain.
Et une de ses contributions majeures, en tout cas un de ses objectifs centraux, est de développer l’emploi en développant l’employabilité des gens. Ce sont les systèmes éducatifs et de formation permanente qui sont les rouages essentiels de cette approche. Cette approche, fort logiquement, tient compte de l’allongement de la durée de vie et propose aux seniors de continuer à travailler après 50 ans après s’être formés tout le long de leur carrière.
Comment est construit l’indice de « positivité » :
En France, on a forcément en tête l’absurdité d’un système d’obsolescence programmée des « seniors » qui ne sont plus employables à partir de 50 voir 45 ans avec, en parallèle, 80 % des chômeurs qui ont un niveau de revenu inférieur à 1,5 smic avant de perdre leur emploi.
La France est en 18ème position de ce palmarès des pays positifs
« L’économie positive considère le monde comme une entité vivante, qu’il convient de protéger et de valoriser et dont l’humanité n’est qu’une des dimensions ».
Invité à parler de l’éthique dans le monde de l’entreprise en sept. 2014 lors du LH Forum (créé par Jacques Attali (photo)), Claude Bébéar, Président de l’Institut Montaigne, un ancien grand patron, considère que « l’éthique de l’entreprise ne doit pas rester un concept mais constituer un réel engagement ».
Face à la mondialisation et à la nécessité d’être performant, compétitivité et recherche du profit sont des facteurs jugés souvent trop essentiels par les entreprises, « l’enjeu est aujourd’hui de travailler en intégrer un sens moral à toutes activités, pour le bien général, aussi bien pour celui de l’entreprise que pour l’ensemble de ses fidèles collaborateurs ».