Plongée dans l’univers détonnant de notre civilisation de la consommation et de son corollaire, les montagnes de poubelles qu’elle génère. Le film Supertrash, en salles le 9 octobre, est un film coup de poing qui nous met le nez dans nos ordures. La situation est pire que ce qu’on supposait, effrayante parfois. Surtout dans les décharges.
Le traitement des déchets … triste réalité
Pendant quatorze mois, Martin Esposito a filmé la gestion des déchets et ses dessous, plus ou moins cachés. C’est un film à mi-chemin entre le documentaire et le long métrage dans la lignée de la Vérité qui dérange d’Al Gore.
« Supertrash » fait la lumière sur une réalité cachée bien loin du savoir faire de pointe de nos champions internationaux du traitement des déchets que sont Suez Environnement, Veolia, … Quel écart !
Le sentiment que vous ressentirez sûrement après avoir vu le film est un certain dégoût et une indignation qui se nourrit de scènes incroyables. Il fait un zoom sur une décharge à ciel ouvert du sud de la France, dans les Alpes-Maritimes.
Son point de départ : la décharge de la Glacière, à Villeneuve-Loubet, sur laquelle il va passer 2 ans. Il va s’y loger, y manger …, une vraie épreuve. « A chaque découverte, j’ai su que je ne pourrai pas partir. Tout ce que je voulais montrer au monde était là, ici, en France« , raconte-t-il. Pas besoin de faire le tour du monde des décharges. Et la Glacière ne fait pas exception : « des décharges comme ça, on en trouve partout, sur les 2.000 que compte la France », souligne Martin Esposito.
Cette décharge de la Glacière « n’est pas une décharge improvisée, explique F. Espositio, mais bien un lieu organisé par un acteur de l’environnement et de la propreté« . Il s’agit de Véolia on voit un noria de camions déverser leurs déchets avec le logo de l’entreprise flouté
L’incroyable spectacle des décharges
Tout y passe !
Pendant plus d’une heure, les images qui défilent sur l’écran sont à peines croyables. On y voit des exploitants de décharge accepter des produits toxiques interdits (produits chimiques, pneus, hydrocarbures…).
D’autres laissent décharger des camions de déchets d’entreprises qui auraient dû être recyclés en amont, des cercueils d’enfants en fin de concession, mêlés à des produits polluants,… On voit des barils d’hydrocarbure jetés n’importe où sans autorisation et qui finit dans les rivières avoisinantes, où pêcheur chatouille le poisson tranquillement.
On voit des tonnes poubelles de plastique, issues d’un triage, jetées par centaines au milieu de la nourriture, du verre qui ne sera pas recyclé, des milliers d’emballages neufs, des hydrocarbures, des médicaments sortis d’usine, de beaux livres mélangés à des métaux, de l’arsenic !, des tonnes de nourriture encore consommables, (poulets fermiers, foie gras,…)
C’est le rebut de notre consommation qui s’emmêle en un incroyable spectacle qui se reproduit partout. Jusqu’au tapis rouges de Cannes qui finissent à la décharge. « Bienvenue en enfer« , résume la voix off de Martin Esposito, qui se montre, masque sur le nez, caméra au poing au milieu de ce pandémonium surréaliste.
Seulement 5 % de nos déchets recyclés
« On nous parle de recyclage, mais cela ne représente que 5 % de nos déchets« , s’énerve le cinéaste « Il faut aller dans une décharge pour découvrir la folie humaine« .
Une filière qui ne fonctionne pas bien
Il y a donc de nombreux dysfonctionnements dans le traitement des déchets, y compris en France, qui devraient alerter les Pouvoirs publics, ces derniers restants souvent sourds aux demandes des riverains. A Claye-Souilly, par exemple, les Autorités n’ont toujours pas diligenté les analyses demandées par les associations riveraines sur les eaux puisées au cour de 3 décharges et qui alimentent 500 000 foyers !