Le saviez-vous ? Sinon, ce n’est pas trop tard : la viande est l’aliment qui émet le plus de gaz à effet de serre. Pour ceux qui, à l’approche des négociations internationales pour lutter contre le réchauffement climatique de la fin de l’année, se demandent quels gestes accomplir, nous lançons un défi simple mais efficace : mangez moins de viande ! Avec les arguments pour, et les conseils comment.
Moins de viande, pour moins de gaz à effet de serre dans vos assiettes
Claude Aubert, ingénieur agronome, et l’un des pionniers de l’agriculture biologique, explique que « le contenu de notre assiette, c’est un tiers des émissions de gaz à effet de serre, soit presque 3 fois les émissions des voitures particulières »… Et que, parmi ces émissions, les trois-quarts sont émis par l’agriculture et l’élevage.
L’élevage en effet, à lui seul, émet plus que de gaz à effet de serre au niveau mondial que le secteur des transports : 14,5 % des émissions, plus exactement.
Manger moins de viande, c’est donc l’une des façons les plus efficaces que vous ayez de réduire votre contribution aux changements climatiques, et, plus généralement, votre empreinte environnementale. Sachant qu’en France, nous mangeons en moyenne 100 kg de viande par an, contre 10 kg dans les pays pauvres et 50 kg en Chine, qui nous rattrape allègrement, nos efforts auront par ailleurs valeur d’exemple : on peut inverser la tendance.
Pourquoi tant de gaz à effet de serre dans notre steak ?
Non, il ne s’agit pas des seuls pets de vache (d’ailleurs il s’agit des rôts), les causes sont plus nombreuses, donc complexes à combattre. Il s’agit en effet des émissions liées à :
- la production et la transformation du fourrage : épandage d’engrais, passage des tracteurs… ;
- effectivement, la digestion des bovins, surtout des animaux dits « polygastriques » tels que vaches, moutons… ;
- la gestion des déjections animales ;
- la transformation et le transport des produits animaux.
1 kilo de… c’est :
Des émissions en partie incompressibles
On peut réduire les émissions de gaz à effet du secteur de l’élevage, par exemple par :
- un ajustement à la flore intestinale des ovins ou des vaches laitières ou une modification de leur alimentation permettant de réduire de 5 à 20 % les émissions de méthane(1)
;
- une production plus locale, important par exemple moins de moutons de Nouvelle-Zélande, et en consommant plus de Corrèze par exemple, pour les consommateurs français ;
- une agriculture bio, n’ayant pas recours aux engrais azotés.
Toutefois, la marge de réduction est assez faible. Pour réduire efficacement l’empreinte carbone du secteur de l’élevage, la seule mesure efficace est de réduire notre consommation de viande, constamment croissante dans les menus occidentaux depuis des décennies et depuis peu dans les pays émergents.
Manger moins de viande : d’accord, mais comment ?
Deux fois moins : en moyenne, si la viande est votre source principale de protéines, vous allez pouvoir diminuer votre consommation de viande de moitié chaque jour. Nous consommons en effet 90 grammes par jour en moyenne de protéines, alors que nous n’en avons besoin que de 52 grammes.
Local et bio : pour la viande que vous consommez, préférez des viandes d’origine locale et bio, limitez la viande de ruminants à 10g par jour – oui, un bon steak une fois par mois -, et privilégiez d’autres viandes, le poisson et les oeufs à pour les autres protéines animales, à hauteur de 80g par jour
Plus de protéines végétales : Claude Aubert rappelle que « Notre apport de protéines est aujourd’hui aux trois-quarts d’origine animale et un quart d’origine végétale : il y a un siècle, c’était l’envers ». Un mélange équilibré de légumineuses et de céréales complètes permet d’apporter les protéines nécessaires au corps humain. Les pois cassés, lentilles, pois chiches, haricots rouges ou blancs, et autres légumes secs, ainsi que les céréales complètes remplacent efficacement les protéines d’origine animale.
8 % d’émissions totales en moins
Ces mesures, appliquées par tous, permettraient de réduire de 36 % les émissions de gaz à effet de serre d’origine agricole, et de 8 % les émissions totales, contribueraient à la protection des forêts, de la biodiversité et à la préservation des ressources en eau. En plus de vous permettre de faire des économies…
L’ONG Les Amis de la Terre, dans son récent Atlas de la viande le soulignait : le choix de son alimentation est devenu politique. Quand l’on connaît les conséquences de ses choix alimentaires et les alternatives disponibles, être un consommateur responsable n’est plus une option : « Aujourd’hui, notre alimentation n’est plus une affaire privée. Nos choix alimentaires sont aussi des choix politiques qui ont des impacts sur la vie de nombreuses personnes dans le monde, ainsi que sur l’environnement, la biodiversité et les climats », selon Christian Berdot, co-référent sur l’agriculture au sein de l’ONG.