La Chine et 4 autres pays d’Asie viennent d’obtenir le statut d’Observateur au Conseil de l’Arctique, ce qui va leur permettre de participer au débat officiel sur l’avenir de la région arctique.
L’Asie pour la première fois au Conseil du grand nord
C’est à Kiruna, dans le nord de la Suède, mercredi dernier, lors du conseil des ministres qui se tient 2 fois par an que les 5 pays nordiques, le Canada, la Russie et les États-Unis ont accepté d’accorder à la Chine, à l’Inde, à la Corée du Sud, à Singapour et à l’Italie, le statut d’Observateur, qui leur permet d’accéder au Conseil sur l’arctique.
La décision concernant l’Union européenne a été repoussée du fait de sa position qui refuse les importations de phoques et de produits issus du phoques.
Nombre de phoques abattus dans le monde
Le conseil arctique, du sommeil aux conflits
Le Conseil arctique, dont le secrétariat général s’est installé à Tromsø en Norvège, a longtemps été une organisation dormante sans grande importance. Mais avec le réchauffement et l’ouverture des voies navigables dans le grand nord, l’Arctique est devenu « un point chaud » (sic) géopolitique. La région riche en matières premières et ressources naturelles suscite bien des convoitises.
L’admission de la Chine en son sein a fait suite à un intense lobbying de la Chine qui veut avoir son mot à dire sur cette région du monde ; pas question pour elle de ne pas avoir d’influence sur une région aussi cruciale au regard de ses besoins.
De plus l’Asie a beaucoup à gagner si elle peut emprunter les voies navigables pour exporter ses produits : à chaque voyage, chacun de ses tankers vers l’Europe économise plusieurs dizaines de milliers d’euros par rapport au trajet classique par le sud. Pour chaque trajet par le grand nord, chaque navire gagne quelques semaines de voyage.
Comme la banquise recule de plus en plus chaque année comme le montrent les photos vues du ciel en 2012 et que les glaces arctiques fondent de plus en plus vite, plusieurs pays aimeraient rapidement exploiter du pétrole et ouvrir des mines dans ces nouvelles zones accessibles l’été et bientôt toute l’année.
Le statut d’observateur
Ce statut, désormais si convié, autorise le pays observateur à « regarder » mais pas à « parler » lors des réunions ministérielles du Conseil. Il les autorise aussi à participer activement aux groupes de travail.
Certaines organisations non gouvernementales et pays européens (France, Royaume-Uni) sont déjà observateurs.
Le Conseil est aussi l’instance où de nombreux groupes indigènes font entendre leurs préoccupations sur la manière dont on traite leurs territoires : ainsi le conseil des Saamis, une population indigène du nord de la Suède, de la Norvège et de la Russie, a vivement critiqué la Suède pour sa politique minière et explique que pour Stockholm « responsabilité d’entreprise signifie pas de responsabilité« .
Coopérer avant tout
La Chine a courtisé les pays Nordiques, notamment en mettant en avant son envie de développer des activités minières et touristiques au Groënland et en Iceland. Bien qu’admise comme observateur, la Chine s’est vue prévenir par les 8 ministres titulaires du Conseil de « ne pas trop en attendre » et qu’elle devait pas s’attendre, en Arctique à « un buffet ouvert à volonté« , comme l’a dit Espen Barth Eide, le ministre norvégien des affaires étrangères.
Le ministre suédois, également titulaire permanent du Conseil arctique, s’est lui réjouit du fait que l’instance arrive à maturité et va pouvoir s’attaquer à gérer de manière collective les coopérations nécessaires pour exploiter, en bonne concorde, la région.
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illustration : © CC, Polar Cruises