E.ON est un des premiers producteurs et fournisseurs d’électricité et de gaz en Europe. Il s’engage pour la transition énergétique et c’est dans ce cadre que s’inscrit sa dernière action : convertir la centrale de Gardanne à la biomasse. Mais la polémique enfle autour de cette métamorphose. Enquête.
La biomasse : une bioénergie très prisée
Dans le domaine de l’énergie, et plus particulièrement des bioénergies, le terme de biomasse désigne l’ensemble des matières organiques d’origine végétale (algues incluses), animale ou fongique (champignons) susceptibles de devenir source d’énergie par combustion, méthanisation (biogaz) ou après de nouvelles transformations chimiques (agrocarburant).
La biomasse : 2ème source d’énergie renouvelable en France
Aujourd’hui, la biomasse est au 2ème rang des sources d’énergie renouvelable en France, juste derrière l’énergie hydraulique.
En 2009, la France a produit 11 984 ktep à partir de biomasse (bois énergie, biogaz, biocarburants et agrobiomasse) contre 667 ktep éoliens et 66 ktep solaires.
L’énergie tirée de la biomasse est considérée comme une énergie renouvelable et soutenable tant qu’il n’y a pas surexploitation de la ressource, mise en péril de la fertilité du sol et tant qu’il n’y a pas d’impacts excessifs sur la biodiversité.
E.ON : convertir une chaudière de la centrale au charbon à la biomasse
Le projet porté par E.ON est le plus important jamais engagé en France.
L’objectif de la centrale ?
Produire 150 MW avec un projet qui a été officiellement retenu par le gouvernement dans le cadre de l’appel d’offres lancée en juillet 2010 et portant sur la production d’électricité à partir de la biomasse.
E.ON : en quoi consiste concrètement son projet ?
Copyright E.ON
Le projet de l’électricien allemand consiste à convertir la tranche 4 de la centrale, fonctionnant au charbon et au coke de pétrole pour une puissance électrique de 250 MW en une unité de production utilisant la biomasse pour une puissance électrique de 150 MW.
Cette dernière devrait être alimentée en biomasse locale ou importée via Fos-sur-Mer à hauteur de 87 % et en charbon cendreux pour le solde. E.ON indique à ce sujet que « La biomasse locale réunit des plaquettes (bois forestiers déchiquetés), des résidus verts et des bois de récupération, en quantités limitées, triés et contrôlés« . Elle précise aussi que les bois de récupération sont non-traités ou très faiblement traités.
E.ON : le projet biomasse en chiffres
L’approvisionnement en bois
Et cela aussi au niveau des objectifs de développement des énergies renouvelables en Europe. La fourniture de bois pour couvrir les besoins de la centrale d’E.ON correspondra à une consommation totale de bois biomasse locale de 855 000 tonnes sera à terme.
Sur ces 855 000 tonnes, seulement 450 000 sont d’origine forestière dont la moitié en PACA. Le plan d’approvisionnement de la centrale prévoit d’accompagner le développement des filière biomasse locale pour développer ses capacités de production. C’est la raison pour laquelle le plan d’approvisionnement prévoit en outre d’atteindre ces 450 000 tonnes seulement au bout de 10 ans.
Dans l’intervalle, des importations permettront de faire face aux besoins et leur volume seront modulés de manière à ce que les achats d’E.ON ne remettent pas en cause l’approvisionnement des autres acteurs de la filière bois. Ces 855 000 tonnes représentent une contribution d’E.ON aux filières biomasse de 65 millions d’euros par an
Par local, E.ON entend développer un approvisionnement en provenance des régions Provence-Alpes-Côte-D’azur et Languedoc-Roussillon, ainsi que des départements limitrophes situés dans un rayon de 400 km.
Progressivement «les résidus verts provenant du nettoyage et du débroussaillage des forêts et des espaces verts publics et privés, fourniront à l’horizon 2025, 40 % du combustible biomasse locale ».
La première série de tests est prévue à l’automne 2014, avant un démarrage de l’exploitation début 2015.