E.ON : le projet de centrale biomasse critiqué
Plusieurs inconvénients sont pointés du doigt quant à la reconversion de la centrale de Gardanne. La première concerne l’emploi.
En effet, si E.ON souhaite convertir la centrale à charbon à la biomasse, c’est car l’activité charbon n’était plus rentable. Cependant, elle employait une centaine d’emplois que certains pensaient en danger. Pourtant, au contraire, il y aura des embauches sur le site pour répondre à la nouvelle organisation de la centrale.
Autre point noir : l’approvisionnement du projet qui soulève de nombreuses questions au regard des ressources locales. A ce sujet, E.ON assure qu’il se fera dans « limite des ressources disponibles, et ce sans concurrencer les usages actuels de la forêt ».
Le projet de centrale à Gardanne : absence de logique territoriale ?
Au vu de l’ampleur de la demande en combustible, et cela durant les 10 premières années, quelques 40 % de l’approvisionnement en bois sera importé du Canada et d’autres pays, ce qui est particulièrement mal venu pour un projet local.
Or, à l’heure où la Commission Européenne se penche sur l’élaboration d’une directive sur les critères de durabilité de la biomasse solide et du biogaz, qui vise en particulier les risques dus aux importations de biomasse, le modèle présenté par E.ON représente une impasse..
La centrale biomasse à Gardanne : et le contribuable dans tout ça ?
Au titre de la participation aux énergies renouvelables, plus d’un milliard d’euros seront prélevés sur 20 ans sur la facture d’électricité des Français.
Mais les investissements de ce projet, d’un montant de 250 millions d’euros, sont intégralement payés par le groupe E.ON. Les impôts locaux ne financent ou ne financeront donc pas la conversion à la biomasse. Des grincheux soulignent que l’entretien des routes reste à la charge du Conseil Général pour réparer les routes endommagées par la horde de camions de 30 tonnes qui achemineront le bois vers la centrale. Certes, mais n’est pas le cas pour tout projet privé ou public ?
La centrale de Delpeyrat à Saint Pierre du Mont
La problématique de la chaleur résiduelle
Parmi les reproches formulés à l’encontre du projet de Gardanne, on note aussi l’absence de valorisation de la chaleur résiduelle. Et ce, contrairement aux projets de cogénération.
France Nature Environnement souligne que «l’utilisation du bois pour produire de l’électricité est une aberration en raison d’un rendement énergétique déplorable » et ajoute que le chauffage collectif de proximité est une « utilisation plus pertinente et performante ».
Pour l’association environnementale, le bois destiné à ce projet « serait bien plus profitable dans des projets de chaufferies de plus petite taille localisés au coeur de la ressource ». Ainsi, France Nature Environnement s’inquiète de l’empreinte écologique et de l’inefficacité énergétique du projet de centrale biomasse.
Le débat sur le rendement énergétique réel
Les élus des réserves de Biosphère du Luberon et du Pays de Lure se sont insurgés contre le projet mené par E.ON.
Pour eux, « le rendement du process E-ON de production d’électricité à partir de biomasse n’est que d’environ 30 %, sans valorisation de la chaleur produite, ce qui constitue une aberration écologique et un gaspillage notoire de la ressource ». Pourtant les experts d’E.on, forts d’une expérience internationale dans des projets biomasse comparables, Provence 4 Biomasse aura un rendement énergétique de plus de 40 %. Ce rendement serait porté à 50 % dans le cas où les projets de valorisation de la chaleur résiduelle se concrétisaient. Un représentant d’E.on nous a déclaré : « Nous travaillons en effet sur des projets de partenariats avec des industriels locaux pour mettre en place un tel dispositif« .
Les élus défendent donc la priorité à l’alimentation des chaufferies des collectivités rurales ou des petites unités urbaines visant à l’indépendance et à l’autonomie énergétique nationale. Et vous, qu’en pensez-vous ? Le projet valorise-t-il bien notre riche patrimoine forestier ?
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