Manger du poisson, c’est sain et c’est bon. Mais d’un autre coté, la surconsommation et la surpêche vident les océans et on craint une pénurie globale de poissons à un horizon assez proche. C’est en tout cas ce qui arrive à l’anguille, un poisson très menacé.
La pêche de l’anguille
La civelle continue d’être victime de la surpêche en France. L’anguille jaune et l’anguille argentée sont elles-aussi surpêchées, et parfois même braconnées.
Depuis 2008, l’anguille est inscrite à l’Annexe II de la CITES c’est-à-dire la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction : cette inscription vise à renforcer le cadre légal de la pêche de l’anguille, les préfets étant dans l’obligation de « transmettre sans délai les informations sollicitées concernant le braconnage et le commerce illicite de la civelle et de l’anguille à ses autres stades biologiques« .
Pêche de l’anguille européenne aux différents stades de sa croissance
La pêche de l’anguille est extrêmement réglementée. Pêcher l’anguille argentée INTERDIT (sauf pour les professionnels dans quelques secteurs).
Des anguilles au marché © pixinoo
La pêche de l’anguille jaune, elle, est soumise à des restrictions. Elle ne peut s’effectuer que dans une période bien définie, en fonction :
- des régions : Artois-Picardie ;
Seine-Normandie ;
Bretagne ;
Loire, côtiers vendéens et Sèvre niortaise ; Garonne-Dordogne-Charente-Seudre-Leyre-Arcachon ; Adour-cours d’eau côtiers
, Rhin-Meuse ; Rhône-Méditerranée ; Corse
- de la zone fluviale : cours d’eau de 1ère ou 2e catégorie
- de la zone maritime
Le plan national de gestion de l’anguille (Décret 2010-1110), impose à tout pêcheur l’obligation de tenir un carnet de capture. La taille minimale de capture est de 12 cm.
Et les civelles ?
Pour la pêche traditionnelle à pied, il faut se procurer une licence, assez difficile à obtenir. Elle se pratique le plus souvent la nuit, quand la marée montante ramène les civelles vers les rivières et les canaux.
Un arrêté entrant en vigueur le 1er novembre 2017 fixe les nouvelles directives pour les professionnels concernant les anguilles de moins de 12 cm.
- saison de pêche : 1er novembre – 25 mai
- quota pour la consommation : 26 tonnes
- quota pour les programmes de repeuplement : 39 tonnes
Anguille : santé et pollution
Comme vu tout à l’heure, la pollution est l’une des raisons pour lesquelles l’anguille est un poisson très fortement menacé.
PCB, plomb, dioxine, pesticides et tutti quanti
Les PCB, ou PolyChloroBiphényles, et PCT ou PolyChloroTerphényles sont des dérivés chimiques chlorés, souvent connus en France sous le nom de pyralènes, du nom commercial d’un produit à base de PCB très utilisé il y a quelques années. Les PCB sont utilisés comme isolant électrique.
En 2004, une étude réalisée en Moselle sur un échantillon d’anguilles jaunes a montré un taux élevé de PCB sur 80 % des poissons : le seuil excédait les 75 μg/kg de PCB admis.
Les PCB comme quantité d’autres polluants ont tendance à s’accumuler dans la vase, dont l’anguille au stade de civelle se nourrit volontiers. Ils s’accumulent dans la chair des poissons dits bio-accumulateurs, c’est-à-dire qu’ils stockent les contaminants dans les graisses et les conservent même pendant leur croissance.
De plus, l’anguille jaune vivant surtout dans le fond des rivières peut se retrouver assez facilement au contact des contaminants. Les anguilles sont particulièrement sensibles aux pesticides d’autant plus qu’elles ont la faculté de sortir momentanément des rivières pour ramper sur le sol, dans le but de rejoindre un autre point d’eau. Il leur arrive ainsi de « fréquenter » les fossés bordant les champs traités aux pesticides.
Pollution au mercure des anguilles
Comme c’est le cas pour de nombreux autres poissons tels que la raie, la lotte ou encore le thon, l’anguille n’échappe pas à la pollution au mercure, et en contient un « taux moyen« .
Il est important de protéger les personnes les plus sensibles, c’est-à-dire les femmes enceintes et les enfants ; il leur est ainsi recommandé d’éviter totalement la consommation de certaines espèces comme l’espadon ou la lamproie par exemple et de manger en quantité limitée (une portion par semaine) les poissons contenant un « taux moyen de mercure ».
Illustration bannière : Anguille européenne – © Rostislav Stefanek