Greenwashing : TotalEnergies condamnée pour publicité trompeuse
C’est une première mondiale. Le 23 octobre 2025, le tribunal judiciaire de Paris a condamné TotalEnergies pour pratiques commerciales trompeuses, estimant que le groupe avait induit le public en erreur sur la réalité de son engagement climatique.

Cette décision, qualifiée de « précédent historique » par les ONG, marque un jalon essentiel dans la lutte contre le greenwashing.
Un verdict qui met fin à des années de déni
Le verdict est tombé après plus de deux ans de procédure. Saisie par trois organisations écologistes — Greenpeace France, Les Amis de la Terre et Notre Affaire à Tous —, la justice française a reconnu TotalEnergies coupable d’avoir pratiqué un greenwashing systémique dans ses campagnes de communication. Le groupe affirmait viser la neutralité carbone d’ici 2050 tout en poursuivant l’expansion de ses activités pétrolières et gazières. Cette condamnation, rendue publique le 23 octobre 2025, remet en cause la sincérité des engagements climatiques du géant de l’énergie et pourrait faire jurisprudence.
Selon le jugement, les campagnes de communication diffusées depuis 2021 par TotalEnergies, notamment lors de son changement de nom, ont constitué des « pratiques commerciales trompeuses ». Le tribunal a estimé que le groupe avait sciemment entretenu la confusion en se présentant comme un « acteur majeur de la transition énergétique », alors que la grande majorité de ses activités restaient liées aux énergies fossiles. Les juges ont pointé des « allégations environnementales de nature à induire en erreur le consommateur », laissant croire que l’achat de produits TotalEnergies contribuait à une économie décarbonée.
Selon les magistrats, TotalEnergies avait cherché à capitaliser sur l’urgence écologique
Dans les faits, la part des énergies fossiles dans les revenus du groupe avoisine encore 97 %, selon des données compilées par Reuters. Si TotalEnergies investit effectivement dans le solaire et l’éolien — avec environ 26 gigawatts de capacités installées —, ces efforts demeurent marginaux face à l’ampleur de ses projets pétroliers et gaziers. C’est cette contradiction que les ONG avaient dénoncée dès 2022, en s’appuyant sur des publicités jugées mensongères. Les juges leur ont donné raison : ils ont ordonné à l’entreprise de retirer les mentions trompeuses de son site internet sous peine d’une amende journalière pouvant atteindre 10.000 euros. Le groupe devra également publier le jugement sur sa page d’accueil pendant six mois et verser des indemnités aux associations plaignantes, estimées à plusieurs milliers d’euros chacune.
Au-delà du symbole, cette décision remet en cause une stratégie de communication fondée sur la confusion. Les magistrats ont reconnu que TotalEnergies avait exploité la sensibilité croissante des consommateurs aux enjeux climatiques pour verdir son image. L’entreprise aurait ainsi cherché à capitaliser sur l’urgence écologique sans transformer structurellement son modèle économique. Or, les ONG ont démontré que cette présentation biaisée retardait la prise de conscience du public et nuisait à la concurrence loyale avec les acteurs réellement engagés dans la transition énergétique. « Ce jugement prouve qu’une entreprise ne peut plus se cacher derrière un discours vert pour masquer des activités climaticides », a réagi Cécile Marchand, porte-parole des Amis de la Terre. Pour Greenpeace France, la décision « rétablit la vérité face à des années de désinformation climatique ».
Lire aussi
Énergies fossiles : TotalEnergies maintient le cap, la planète s’inquiète
Abonnez-vous à consoGlobe sur Google News pour ne manquer aucune info !
A lire absolument




























