En 2026, ces médicaments ne seront plus remboursés qu’à 15 % pour les patients en ALD
À partir du 1er février 2026, des centaines de milliers de patients atteints d’affections de longue durée (ALD) pourraient voir le remboursement de certains médicaments chuter brutalement : des traitements aujourd’hui pris en charge à 100% ne le seraient plus qu’à hauteur de 15%.

L’Assurance maladie s’apprête en effet à modifier en profondeur un dispositif qui bénéficiait depuis des décennies aux patients les plus fragiles, afin de concentrer les dépenses sur les soins jugés essentiels.
La Haute Autorité de santé a désigné 171 médicaments au « service médical rendu faible »
Depuis des années, le système français garantit un remboursement intégral de nombreux médicaments pour les patients en affection de longue durée (ALD), même lorsqu’ils sont classés à « service médical rendu faible » par la Haute Autorité de santé (HAS). C’est ce privilège qui doit disparaître. Un décret en préparation prévoit de supprimer, dès le 1er février 2026, l’exonération du ticket modérateur pour environ 171 spécialités pharmaceutiques, considérées comme non indispensables au traitement de la maladie principale. « Il s’agit de recentrer la prise en charge sur les médicaments qui ont un réel impact sur la santé des patients », explique une source proche du dossier citée par le média spécialisé Egora. On y lit également que la liste des produits concernés a été dressée sur la base des avis de la Commission de la transparence de la HAS.
Cette réforme s’inscrit dans le plan d’économies du gouvernement sur le budget de l’Assurance maladie pour 2026. L’objectif d’économies global est fixé à 5,5 milliards d’euros. Le déremboursement partiel de ces médicaments à faible efficacité clinique devrait rapporter environ 90 millions d’euros par an. À cela s’ajouterait une autre mesure, tout aussi symbolique : les cures thermales, aujourd’hui intégralement remboursées pour les patients en ALD, ne le seraient plus qu’à 65 %, ce qui dégagerait environ 25 millions d’euros supplémentaires. Ces chiffres illustrent la volonté de l’exécutif de rogner sur les « dépenses de confort », sans toucher aux traitements vitaux.
Pour les patients concernés, le changement risque néanmoins d’être brutal. Actuellement, nombre d’entre eux obtiennent sans reste à charge des médicaments dits « de confort » : antiacides, antispasmodiques, anxiolytiques légers, émollients cutanés ou antiviraux topiques. Parmi les noms les plus connus, il y a Gaviscon (anti-acide pour reflux gastrique), Spasfon (antispasmodique, troubles digestifs ou menstruels), Valium (anxiolytique), Dexeryl (émollient cutané pour peaux sèches), Noctran (hypnotique pour troubles du sommeil), Zovirax (antiviral topique pour le traitement de l’herpès) ou encore la Bétadine (désinfectant localisé). À partir de 2026, ils ne seraient plus remboursés qu’à 15 % de leur prix public, comme pour les assurés n’ayant pas d’ALD. L’Assurance maladie ne paierait donc plus la quasi-totalité de ces traitements, souvent prescrits en complément ou pour soulager les effets secondaires d’autres thérapeutiques.
Le risque de renoncement aux soins inquiète la profession médicale
Ce revirement pourrait laisser de nombreux malades face à un reste à charge important, notamment lorsqu’ils doivent utiliser ces produits sur de longues périodes. Plusieurs associations de patients redoutent déjà que certains renoncent à se soigner, même si les mutuelles pourront, en théorie, prendre le relais. Mais toutes les complémentaires ne couvrent pas ces médicaments faiblement remboursés ; beaucoup n’en prennent en charge qu’une partie minime, via un forfait pharmacie. « Les plus fragiles se voient contraints de renoncer à des soins essentiels », avertit la Fédération des mutuelles dans un communiqué.
La liste complète des 171 médicaments concernés a été établie par la Caisse nationale d’assurance maladie (CNAM) en suivant les avis scientifiques de la HAS. Elle regroupe essentiellement des spécialités dont le service médical rendu est jugé « faible » : elles sont considérées comme ayant une efficacité limitée, sans rôle déterminant dans la prise en charge de l’ALD principale. Cela n’empêche pas qu’elles puissent être utiles dans certains cas, mais leur remboursement intégral n’apparaît plus justifié aux yeux des pouvoirs publics. Le ministère de la Santé assume cette orientation et affirme vouloir « clarifier le périmètre du 100 % ALD », croit savoir Egora.
La mesure, qui devrait entrer en vigueur dans quelques mois, s’annonce donc comme un virage majeur dans la politique de remboursement des soins pour les malades chroniques. Elle marque une volonté de cibler davantage les dépenses publiques, quitte à transférer une partie du coût vers les assurés eux-mêmes.
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