Pollution plastique : à Genève, les pays s’opposent au traité
Réunis à Genève pour sceller un accord mondial sur le plastique, les États ont fini par saborder les négociations. En cause, un texte jugé creux, sans obligations, ni vision commune.

À Genève, les négociations internationales sur la pollution plastique se sont brutalement arrêtées le 13 août. Convoqués pour conclure un traité juridiquement contraignant sous l’égide des Nations unies, 175 pays se sont affrontés pendant dix jours. Mais le fossé entre ambitions environnementales et intérêts économiques s’est creusé, jusqu’au rejet collectif du projet présenté par la présidence équatorienne. Un échec retentissant qui plonge l’avenir du plastique.
Un texte sans substance, rejeté par une majorité
Présenté en séance plénière à trente heures de la clôture du sommet INC-5.2, le projet de traité en 31 articles a provoqué un véritable tollé. La Colombie a immédiatement dénoncé un texte « inacceptable », une salve rapidement suivie par le Chili, le Mexique, le Panama, le Canada, l’Union européenne et plusieurs États insulaires du Pacifique. Pour le représentant chilien, ce document est « clairement déséquilibré », car il repose sur des actions nationales sans aucune architecture internationale de coopération.
La présidence tournante de l’UE, assurée par le Danemark, a tranché plus sèchement dans des propos rapportés par 20 Minutes : « ce projet ne fait pas le minimum nécessaire ». Le Panama a estimé que ce texte « rend cette blessure fatale » et que « ce n’est pas de l’ambition, c’est de la reddition ».
Plastique : un enjeu global
Le sommet de Genève est venu prolonger un cycle de négociations lancé en mars 2022, après un accord international initial. Les espoirs étaient grands. Mais les tensions entre blocs sont rapidement remontées à la surface. Deux visions irréconciliables se sont opposées : D’un côté, la High Ambition Coalition, composée de l’Union européenne, du Canada, de l’Australie et de la France, milite pour un traité couvrant l’ensemble du cycle de vie du plastique : production, transformation, consommation, recyclage.
De l’autre, les pays majoritairement producteurs de pétrole et de plastique (comme la Chine, le Brésil ou la Russie), souhaitent cantonner le traité à une gestion des déchets souple et sans restriction de production. Le Kenya, voix forte du continent africain, a déploré « l’absence totale d’obligations mondiales contraignantes », pourtant jugées essentielles pour une « valeur démontrable » du traité. Même la Chine, premier producteur mondial, a critiqué un texte qui accroît les divergences au lieu de se concentrer sur les points majeurs.
ONG, scientifiques et Europe : la colère gronde
Les organisations environnementales ne décolèrent pas. Greenpeace parle d’un « cadeau à l’industrie pétrochimique et d’une trahison de l’humanité », soulignant l’absence totale de limitations sur la production de plastique vierge. Le 4 août, dans The Lancet, une coalition de chercheurs a publié un rapport alarmant. Les plastiques sont responsables de dizaines de milliers de morts par an, en particulier parmi les populations les plus vulnérables.
À chaque étape, fabrication, usage, incinération, ils engendrent des maladies chroniques, des cancers, des perturbations endocriniennes. Le rapport chiffre les pertes économiques mondiales liées aux plastiques à plus de 1 300 milliards d’euros par an. Et ce n’est qu’un début, si rien n’est fait, la production annuelle atteindra 1,2 milliard de tonnes en 2060, contre 400 millions aujourd’hui.
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