Atteindre le Zéro Déchet chez soi est déjà un exploit. La Française Bea Johson a démontré que c’est possible et en a fait son cheval de bataille aux Etats-Unis, mais à l’échelle d’une ville entière, c’est une autre histoire… A Roubaix, au lieu de s’en raconter, des histoires, on est passé à l’action. Une démarche pionnière.
Moins de déchets, plus de pouvoir d’achat… et de liberté
A 59 ans, Andrée Nieuwjaer a l’impression d’avoir refait le monde… à Roubaix, sur sa terrasse et avec sa famille. Elle a tout changé. Et affirme vivre mieux. Grâce au Zéro Déchets, elle jette moins : « Je suis passée de 1,2 kg de déchets compostables en décembre 2014 à moins de 1 g en mars 2015 », annonce-t-elle fièrement. Toutes ses poubelles ont diminué d’autant. « Je ne jette rien qui ne soit pas réutilisable, surtout en alimentation : je cuisine tous les restes, j’utilise toutes les parties des légumes, le vert de poireaux pour en faire de la soupe, par exemple ».
Mais elle a surtout commencé par la base : le potager. Peu importe qu’elle habite en appartement : « J’ai installé une jardinière de1,50 m sur 1,30 m sur la terrasse et j’y ai planté tous les légumes et les herbes dont j’ai besoin ».
Autre changement : elle fait tous les produits de nettoyage et de lessive elle-même, « avec des huiles essentielles et du vinaigre blanc ». Une nouvelle source de satisfaction pour elle, à laquelle s’ajoute celle d’avoir augmenté son pouvoir d’achat. Andrée Nieuwjaer est ravie !
Moins de déchets, moins de dépenses, plus d’imagination et de liberté, plus de fierté, plus de pouvoir d’achat : c’est exactement ce qui se passe à Roubaix.
Un projet politique de grande envergure
La chaine vertueuse du Zéro Déchets est d’abord un projet politique. Celle du nouveau maire élu en mars 2014, Guillaume Delbar, inspiré par l’un de ses concitoyens, Alexandre Garcin. Il est lui-même fasciné par la réussite d’une petite ville d’Italie, Capannori en Toscane, qui a réussi à réduire ses déchets de plus de 80 %.
Son maire, Rossano Ercolini, se bat depuis 30 ans pour réduire la production d’ordures. Il a obtenu le prix Goldman en 2013, l’équivalent du prix Nobel pour l’environnement.
Il s’agit de transformer une faiblesse en opportunité, l’écologie doit être positive et non pas punitive.
Guillaume Delbar, Maire de Roubaix
Zéro déchet : vous en rêvez, Roubaix le fait
Ces grands mots ne sont pas restés creux. Ils ont trouvé leur application concrête grâce à une feuille de route qui a fait toute la différence : ultra précise, visant le long terme. « On n’est pas dans le ponctuel, ni dans l’adhésion momentanée », précise le maire. Et, surtout, impliquant tous les acteurs de la ville : pas seulement les citoyens et les pouvoirs publics, comme on le trouve souvent, mais aussi les écoles, les associations, les commerces et les entreprises. Il fallait oser une telle transversalité !
En soutien, une structure de pilotage Zéro Déchets regroupe des représentants des 6 catégories d’acteurs impliquées.
Le projet est imaginé avant les élections de mars 2014 et lancé juste après. « On n’a pas attendu les autres (les subventions éventuelles, NDLR). On s’est lancés tous seuls, dans le concret direct », raconte Guillaume Delbar.
Roubaix : la ville pionnière du Zéro Déchets en France part de loin
- 96 000 habitants.
- 243 kg de déchets résiduels.
- 63 kg de déchets recyclés, par an et par habitant en 2013.
- Objectifs à 3 ans ; réduire de 30 % le total des déchets résiduels et atteindre un taux de recyclage de 40 %.
- A 10 ans : atteindre les niveaux des meilleurs villes italiennes : 50 kg de déchets résiduels et 80 % de recyclage.
- A terme : atteindre le Zéro Déchets
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