C’est une nouvelle discipline qui n’attire pas des professeurs Nimbus mais des climatologues et des ingénieurs très sérieux : la GRS, ou Gestion de la radiation solaire (1) étudie la possibilité et les moyens de contrôler ou d’atténuer la force du soleil dans la stratosphère. Pour mieux maîtriser l’ampleur du réchauffement planétaire en cours.
La géo-ingénierie appliquée à la haute atmosphère
Une étude de la fin de l’année dernière(2) a comparé des méthodes permettant de contrôler l’intensité du rayonnement solaire sur Terre et a conclu au fait que l’une d’elles est non pertinente, non seulement techniquement mais financièrement. Il s’agit d’utiliser les effluves d’un volcan artificiel.
Un concept de geoengineering par dirigeable
La société aérospatiale pilote de l’étude, Aurora Flight Sciences, envisage la possibilité de relâcher 1 à 5 millions de tonnes par an de dioxyde de soufre à des altitudes autour de 30 kilomètres. D’après l’étude, cela permettrait de créer des particules faisant ombrelle aux rayons du soleil : l’impact serait comparable à ce que produit naturellement une explosion géante d’un volcan.
La diffusion de poussières ou de particules dans l’atmosphère tout autour de la terre ferait baiser la température de – 1 à – 2 °C en moins. Mais on ne sait pas très bien quel serait l’impact de cette réduction des températures sur le climat global.
La géo-ingénierie
Le terme « géo-ingénierie » (ou geo-engineering) est utilisé pour désigner des projets scientifiques visant à modifier le climat et l’équilibre énergétique terrestre. Pour contrer le changement climatique, la géo-ingénierie veut intervenir sur les mécanismes naturels, pour les modifier et en atténuer les effets.
Et puis le coût serait exorbitant, apparemment du moins. Car pour diffuser assez de particules en haute atmosphère, il faudrait utiliser des batteries de canons de marine de 16 pouces. Il faudrait tirer 70 millions de fois pour expédier 5 millions de tonnes à 30 000 mètres. Cela coûterait 500 milliards d’euros par an et il faudrait le faire pendant 20 ans pour avoir un effet durable sur le réchauffement. Comme le font remarquer les rédacteurs de l’étude, ce budget annuel représente plus que la richesse produite par l’Afrique et l’Inde réunies. Impossible.
Une méthode vraiment économique serait d’utiliser des dirigeables bourrés d’hélium et qui seraient capables d’élever les quantités de soufre aux altitudes nécessaires. De tels dirigeables coûteraient 400 millions d’euros pièce et leur budget annuel serait de 8 milliards € par an. Le seul souci est que cette flotte de dirigeables n’existe pas.
Pourtant l’idée n’est pas farfelue. L’étude, commandée par l’Université canadienne de Calgary il y a plus d’un an, montre comment les géo-ingénieurs font des propositions aux responsables politiques et elle est soutenue par des alliés de poids. Le chercheur en chef de l’étude, David keith, géo-ingénieur de Harvard, a reçu des fonds (100 000 $) de la Ficer, la fondation de Bill Gates (3).
Finalement, la manière la plus réaliste de diffuser les particules en haute atmosphère serait d’utiliser des avions. Une flotte de Boing 747 spéciaux qui tourneraient 24 h sur 24 autour de l’équateur coûterait 5,5 milliards € par an.
Le plan B au cas où Rio ….
Les promoteurs de l’étude voient ces projets comme des préparations pour un plan B au cas où les autorités politiques mondiales n’arriveraient pas à s’entendre sur des politiques contraignantes pour les acteurs économiques en matière d’émissions de gaz à effet de serre.
Un concept d'Aurora flight
Le coût d’opérations de géo-ingénierie utilisant des avions serait en fait comparable à ceux nécessaires pour opérer une petite compagnie aérienne, proche du coût de grands travaux assez courants. Les moyens nécessaires sont en tous cas bien inférieurs à ceux mobilisés par une société de fret comme UPS ou Fedex.
Les partisans de la géo-ingénierie soulignent que son coût est bien inférieur à celui qu’il y aurait à convertir nos économies à un fonctionnement sobre en carbone et peu polluant. Le seul problème est que le débat ne porte pas que sur le coût. Comme pour bien des avancées scientifiques possibles, on ne sait pas très bien quels en seraient les effets à long terme. A suivre donc …
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(1) (en anglais SRM, ou solar radiation management)
(2) Une étude téléchargeable sur http:// people.ucalgary.ca/~keith/Misc/AuroraGeoReport.pdf
(3) Fund for Innovative Climate and Energy Research (Ficer)