Bidoche, l’industrie de la viande menace le monde
La substance de l’essai de Fabrice Nicolino est résumée dans son titre. Vous l’avez compris, ce n’est pas tout à fait un panégyrique de la consommation carnée. L’enquête de l’ouvrage, paru aux Editions Les liens qui libèrent en 2009, nous fait découvrir par le détail la réalité destructrice des usines à viande qui alimentent le monde occidental.
Vus de près, les excès de l’industrialisation à outrance de l’élevage d’animaux vous font regarder votre steak d’un autre oeil. Les animaux ne sont plus des volailles, des vaches ou des cochons mais du « minerai » ( !). La fabrication industrielle de la viande décrite par N. Nicolino est si dégradante qu’on ne peut que se demander : comment en est-on arrivé à tolérer ça ?
L’industrie de la viande à la recherche d’efficacité
De la manipulation génétique des cheptels, en passant par la reproduction systématiquement assistée (et confisquée aux animaux), par d’horribles condition de « vie » et d’abattage, la chaîne de la viande est une longue traînée d’absurdités sanglantes.
- On apprend que, par nature, l’élevage des animaux pratiqué en pleine nature est peu rentable, car peu efficace : les animaux brûlent trop de calories en abusant de leur liberté de brouter à leur guise dans un pâturage.
- On préfère les entasser sur des caillebotis en plastique, les bourrer d’hormones et d’antibiotiques en mode préventif, malades ou non, les nourrir d’aliments industriels achetés au bout du monde, ne jamais leur laisser voir le jour naturel, … et au final livrer des millions de tonnes de viande au bilan sanitaire et écologique plus que douteux.
L’industrialisation massive de la production de viande serait-elle donc inévitable pour livrer aux appétits croissants des Occidentaux et des Chinois, des Brésiliens et des Indiens leur entrecôte à bas prix ? Un monde carnivore est-il inéluctablement condamné à des pratiques indignes des Hommes ? La hausse de la consommation carnée semble inéluctable.
Notre insatiable appétit de viande
- Le monde a consommé 280 millions de tonnes de viande et 700 millions de tonnes de lait (sans parler des oeufs et des 130 millions de tonnes de poissons) en 2008,
- la production de viande de poulet a été multipliée par 6 de 1970 à 200,
- celle de la viande de porc a triplé et celle de la viande de boeuf a doublé.
- Selon un des scénarios de prospective élaboré par le GIEC, l’humanité devrait atteindre, en 2050, une consommation moyenne de 500 g de viande et de 1 litre de lait par semaine et par personne. Or celle-ci est actuellement de 730 g et 1,5 litre rapportée à l’ensemble de la population de la planète, mais de 1,6 kg et de 4,2 litres au Royaume-Uni par exemple.
- Le pic viande serait passé :
Selon les chiffres du ministère de l’agriculture américain, la consommation de viande suivrait une course descendante après un pic en 2004, à 84 kg par an et par habitant.
En 2011, les Américains n’auraient plus consommé « que » 78 kg. Et les prévisions pour 2012 tablent sur 75,5 kg, soit une baisse de 10 % sur 8 ans
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