Comme prévu depuis longtemps et au grand dam des défenseur de l’environnement et des agriculteurs, le géant Total vient de démarrer sa bioraffinerie de La Mède, située dans les Bouches-du-Rhône. Elle va en effet permettre de transformer des huiles végétales dont l’huile de palme en carburants !
Ça y est les premiers litres de biocarburants ont été produits dans la bioraffinerie de La Mède, marquant l’aboutissement de la reconversion d’une raffinerie d’hydrocarbures en une plateforme de production de « nouvelles énergies » lancée en 2015.
La bioraffinerie de La Mède : 275 millions d’euros investis pour transformer l’huile (de palme) en bio-carburants et assurer 250 emplois !
C’est Total qui annonce fièrement la nouvelle dans un communiqué de presse du 3 juillet au matin : la très décriée bioraffinerie de La Mède d’une capacité annuelle de 500.000 tonnes de biocarburants a été mise en route !
Une bio raffinerie en opération © Stockr
Elle comprend aussi :
- Une ferme solaire d’une capacité de 8 MW, capable d’alimenter 13.000 habitants
- Une unité de production d’AdBlue, un additif qui permet de réduire les émissions d’oxydes d’azote des poids lourds, d’une capacité de 50.000 m3/an
- Une plateforme de logistique et de stockage d’une capacité d’1,3 million de m3/an
- Un centre de formation sur installations réelles, accueillant 2.500 stagiaires/an, tandis que l’ensemble des activités permet de maintenir 250 emplois directs sur le site.
Quelle production pour cette bioraffinerie ?
La bioraffinerie, spécifiquement conçue pour pouvoir traiter tout type d’huiles, pourra produire 500.000 tonnes d’HVO, un biocarburant de qualité premium, mais du biodiesel et du biojet pour l’aviation.
Les biocarburants seront produits à partir :
- d’huiles végétales (colza, palme, tournesol, etc.) pour 60-70 %
- de retraitement de déchets (graisses animales, huiles de cuisson, huiles résiduelles, etc.) pour 30-40 %
Lire aussi : Total : son projet de bioraffinerie inquiète les défenseurs de l’environnement
Les détracteurs du projet estiment qu’il y aura trop d’huile de palme traitée dans cette bio-raffinerie, mais Total s’est engagé à ne traiter que 300.000 tonnes d’huile de palme maximum chaque année.
Parallèlement, face aux agriculteurs qui estiment que l’huile de palme importée d’Asie entre en concurrence directe avec leur huile de colza et de tournesol, le géant français s’est engagé à traiter au minimum 50.000 tonnes de colza français afin d’« assurer un débouché supplémentaire à l’agriculture française » !
Soutenir les filières locales de production d’huiles végétales © Francois BOIZOT
Total assure aussi que « toutes les huiles utilisées seront certifiées durables selon les critères définis par l’Union Européenne ». L’entreprise se targue aussi d’aller plus loin dans le cadre de son approvisionnement en huile de palme, en mettant en place un dispositif de contrôle spécifique renforcé concernant la durabilité et le respect des Droits de l’Homme :
- sélection de fournisseurs responsables et limitation de leur nombre
- obligation pour les fournisseurs d’adhérer à RSPO (pour Roundtable on Sustainable Palm Oil : organisation (controversée) pour une huile de palme durable)
- obligation pour les fournisseurs de signer les Principes Fondamentaux des Achats et le Code de Conduite du Groupe
- obligation de se soumettre à des audits concernant le respect des Droits de l’Homme au travail, la protection de la santé, de la sûreté et de la sécurité, la préservation de l’environnement, la prévention de la corruption et des conflits d’intérêt et lutte contre la fraude, le respect du droit à la concurrence, la promotion du développement économique et social)
- mise en place d’une équipe dédiée aux audits de contrôle de durabilité et d’un dispositif d’évaluation des Droits de l’Homme par un tiers expert de chaque fournisseur pré-selectionné
L’entreprise assure d’ailleurs qu’elle publiera en toute transparence à chaque livraison, la liste des moulins d’où provient chaque approvisionnement en huile de palme sur le site internet de la plateforme de La Mède ! (=> ici)
Illustration bannière : Total ne désarme pas – © Vytautas Kielaitis / Shutterstock