Cela nous semble finalement assez logique, mais une grande étude internationale vient de le confirmer : la disparition des poissons du fait de la surpêche affecte les populations d’oiseaux marins qui ont du mal à survivre. Autrement dit, plus de poissons = plus d’oiseaux.
Les oiseaux marins menacés par la surpêche
C’est le résultat d’une étude étude internationale inédite (1) qui montre le lien direct entre la surpêche et la diminution des populations d’oiseaux marins.
Cette étude qui cumule l’équivalent de 438 années de données, met en lumière ainsi l’existence d’un seuil critique des populations de poissons, en-dessous duquel la survie des oiseaux serait remise en question.
Philippe Cury
Selon selon Philippe Cury, le chercheur qui a coordonné l’étude, quasiment tous les oiseaux marins étudiés sont les victimes collatérales de la surpêche : manchots, bassans, manchots, mouettes, … Pour les 14 espèces d’oiseaux marins étudiées, on a comparé l’évolution de la population d’oiseaux à l’évolution de la biomasse de poissons disponibles pour leur alimentation dans 7 régions, Nouvelle-Zélande, Californie, mer du Nord, Alaska, Afrique du Sud.
Moins de poissons, moins de poussins
La conclusion n’a pas surpris : il y a bien un lien entre l’évolution de la biomasse de poissons et le succès de reproduction des oiseaux marins.
Concrètement, quand les stocks de poissons baissent en-deçà du tiers de leur niveau maximum, les oiseaux ont moins à manger et font beaucoup moins de poussins. Cette relation Proie / Prédateur montre que les oiseaux marins et les pêcheurs sont en compétition directe pour cette ressource
« Dans à peu près tous les écosystèmes étudiés, on voit que le seuil a été franchi à un moment ou un autre. Ce qu’il faut, c’est absolument ne pas rester longtemps sous ce seuil, car cela hypothèque alors le devenir des populations d’oiseaux », souligne le chercheur français. Ce phénomène d’importante chute de population a été confirmé chez des manchots en Afrique du Sud ou des macareux en mer du Nord.
La pression sur les oiseaux devient très forte car celle sur les poissons est encore plus forte. « Il y a une énorme tension » sur les populations de poissons qui sont surpêchées pour servir de nourriture à d’autres espèces de poissons élevées en aquaculture.
Comme l’aquaculture, c’est bientôt la moitié de la « production de poissons » dans le monde et qu’il faut 2 kilos de poissons sauvages pour produire 1 kilo de poisson d’aquaculture, le problème va en s’amplifiant.
L’aquaculture pointée du doigt
Sont surtout menacées des « espèces cruciales dans l’écosystème qui jouent un rôle extrêmement stabilisateur. » dans son écosystème.
Ces espèces servent principalement pour fabriquer des huiles et des farines en aquaculture, : anchois, sardines et petits poissons côtiers représentent près d’un tiers des captures mondiales de pêche.
Que faire ? Constatant que les oiseaux marins n’ont plus assez de nourriture et que leur population a tendance à fortement décliner, l’étude suggère de définir un seuil critique de biomasse. Respecter ce seuil permettrait de préserver la survie des oiseaux dans le cadre de pratiques de pêche durable.
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(1) Publiée le 22 décembre 11 dans la revue Science, une étude internationale, reprenant le travail de recherche représentant au total « 438 années » de données cumulées. Coordonnée par Philippe Cury, chercheur à l’Institut de recherche pour le développement (IRD), cette étude a été réalisée en partenariat avec de nombreuses universités et instituts comme l’Ifremer, le British Antarctic Survey, le Norwegian institute for nature research ou l’université de Glasgow. Citations faites à l’AFP.