La surpêche n’a pas seulement pour conséquence de faire disparaître les poissons des océans ; elle fait aussi disparaître des emplois. C’est ce que révèle un rapport anglais qui démontre que la pêche excessive nuit aux pêcheurs eux mêmes. En chiffrant les dégâts.
La pêche européenne est en déficit chronique
Ce n’est pas pour rien que s’est installée la la « Journée de la dépendance aux poissons», ou « Fish dependance day (FDD)» en anglais (1). Les poissons pêchés en Europe pour le marché européen sont de plus en plus petits et de moins en moins nombreux. A tel point qu’on considère qu’à l’échelle de l’Union européenne (2), si consommait des ressources halieutiques (des poissons) provenant uniquement des eaux européennes, on aurait manqué de poisson dès le 2 juillet 2011 (13 juin pour la France seule !). En 2010, cette « Journée de la dépendance » était le 9 juillet.
Que représente la pêche pour l’Europe ?
Le secteur de la pêche au sein de l’Union européenne représente 1 % du PIB de l’UE. Ce chiffre modeste masque le fait que l’Union est l’une des principales puissances mondiales en matière de pêche, derrière la Chine, avec 7 millions de tonnes issues de la pêche et de l’aquaculture en 2005. Bien qu’elle exporte 2 millions de tonnes, elle est extrêmement dépendante des pêcheurs étrangers avec une importation de 6 millions de tonnes et un déficit commercial de plus de 13 milliards d’euros.
Il y a environ 88.000 navires de pêche dans l’UE. Si en termes d’emploi, la pêche n’est plus très importante au niveau européen, elle reste importante dans certaines régions dépendantes de cette activité (Galice, Algarve, Açores, Écosse…). Au total, il y aurait 190.000 pêcheurs à temps partiel ou complet.
L’aquaculture représente à la même date 1,3 million de tonnes.
Le 1er pays pêcheur de l’UE était, en 2006, le Danemark (17,4 %), suivi de l’Espagne (15,2 %) et de la France (12 %). (source : rapport Marée amère du Sénat)
Le problème ne fait donc que s’amplifier d’année en année. Pour y répondre, c’est la course aux armements et à la surpêche :
- En Europe, la puissance de pêche augmente toujours plus. Entre 1992 et 2009, la flotte de pêche de l’Union européenne est toujours plus puissante : elle gagne 3 % par an en « puissance réelle de pêche » grâce à des améliorations techniques permanente sur les bateaux ou en matériels de détection électronique.
- Ce gain se fait malgré la diminution du nombre de navires de pêche européens de 105 à 80 000 navires sur la période qui ne fournissent que 4 millions de tonnes de prises, soit seulement 38 % des 10,7 millions de tonnes de poissons consommés par les Européens.
Malgré tout, la flotte de pêche, avec 4 millions de tonnes de poissons capturés, n’arrive pas à satisfaire la demande toujours plus grande des Européens qui consomment 23,1 kg de poisson par an et par personne en 2007.
Pêche illégale, technologie de pointe, course à la taille des navires, rejet des poissons pêchés à la mer, pollutions, activité des lobbys espagnols, portugais ou français, … les facteurs aggravants se multiplient.
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