La « shrinkflation », à savoir le rétrécissement des emballages de produits de consommation courante, alors que leur prix augmente. Une forme de tromperie, car les entreprises ne sont pas transparentes sur les modifications apportées aux produits. Après Intermarché, Carrefour s’attaque à ce phénomène.
La shrinkflation , de quoi parle-t-on ? Il s’agit de la pratique qui consiste à réduire le poids net du produit (soit en réduisant l’emballage, soit en y mettant des poches d’air), tout en augmentant son prix.
La « shrinkflation » est un phénomène marketing et économique
La shrinkflation, ce mot-valise est composé des mots « shrink » (qui signifie « rétrécir » en anglais) et « inflation ». Il s’agit de la pratique qui consiste à réduire le poids net du produit (soit en réduisant l’emballage, soit en y mettant des poches d’air), tout en augmentant son prix. De cette manière, la forte hausse du prix au kilo ou au litre est moins (voire pas du tout) perceptible pour le consommateur.
Cette réduction de la taille ou de la quantité du produit peut prendre différentes formes, notamment :
Réduire le poids ou le volume d’un aliment : par exemple, une tablette de chocolat peut passer de 100 grammes à 90 grammes, ou un paquet de chips peut contenir moins de chips tout en conservant la taille de l’emballage.
Concept de moins pour le même prix ! © Suzanne Tucker
Diminuer le nombre d’articles dans un paquet : les fabricants peuvent réduire le nombre d’articles dans un paquet, comme réduire le nombre de couches dans un paquet ou le nombre de sacs poubelle dans une boîte, tout en conservant la taille de l’emballage.
Réduire l’épaisseur ou la taille d’un produit : cela consiste à rendre les produits plus minces ou plus petits, comme réduire l’épaisseur des serviettes en papier ou la taille d’un rouleau de papier toilette.
Utiliser des ingrédients moins chers : au lieu de réduire la taille physique d’un produit, certains fabricants peuvent substituer des ingrédients ou des matériaux moins chers dans leurs produits, ce qui peut entraîner des changements de qualité.
Une stratégie trompeuse dénoncée par Carrefour
Le patron de Carrefour, Alexandre Bompard, a annoncé que dès le lundi 11 septembre, une étiquette serait dorénavant affichée sur tous les produits concernés pour prévenir les clients que la marque pratique la shrinkflation. Une sorte de name and shame qui, pour l’instant, n’a fait réagir aucun industriel.
Quelques exemples de marque ayant pratiqué la shrinkflation en cette rentrée
- La bouteille d’1,5 litre deIce Tea – Lipton a été réduite à 1,25 litre, tandis que son prix, lui, est passé de 1,45 euro à 1,63 euro le litre.
- Le paquet de chips Lay’s nature de 300 g a été réduit à 250 g, alors que son prix est passé de 2,90 à 3,20 euros. Soit un prix au kilo de 12,80 euros, contre 9,67 euros auparavant (+32,37 %).
- La lessive à la résine de Pin St Marc a diminué de 200 g, passant de 1,6 kg à 1,4 kg. Son prix a augmenté de 4,3 euros à 5,96 euros.
- Pampers a diminué le nombre de couches par paquet passant de 62 unités à 58 pour une augmentation assez significative de 30 % du prix final : le paquet de couches est passé de 12,85 euros à 16,13 euros.
- Les croquettes pour animaux (poulet et légumes, volaille et boeuf) ont vu le prix du sachet augmenté de plus de 49 % en tout réduisant le poids de 10 kg à 7kg.
La “shrinkflation” n’épargne aucun secteur © AnnyStudio
« Shrinkflation » : l’ONG Foodwatch dénonçait déjà le délit de pratiques commerciales trompeuses en septembre 2022 !
La communication de l’ONG Foodwatch sur le phénomène de « shrinkflation » sur les réseaux sociaux, mais aussi dans l’émission « Complément d’enquête » de France 2, diffusée le 1er septembre 2022, n’était pourtant pas passée inaperçue. « On ne joue pas avec le portefeuille des Français. J’ai demandé à la DGCCRF [Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes, ndlr] de mener immédiatement une série de contrôles afin de constater s’il y a des pratiques commerciales trompeuses », tweetait le lendemain la ministre déléguée chargée des Petites et Moyennes Entreprises et du Commerce, Olivia Grégoire.
Déjà en septembre 2022, Foodwatch donnait 6 exemples de « shrinklation » qu’elle a pu retrouver depuis 2019, en comparant le poids net et les prix des produits actuellement en rayon à ceux des anciens catalogues de supermarchés.
- Le pot de margarine St Hubert Omega 3 a par exemple perdu 4 % de son poids, passant de 240 à 230 grammes, mais son prix au kilo a augmenté de 18 % depuis trois ans, et son prix à l’unité de 13 %.
- Autre exemple : dans ses boîtes de chocolat Pyrénéens au lait, Lindt a supprimé six bouchées (faisant passer la quantité de 30 à 24), ce qui a réduit le poids du produit de 20 %. Le prix au kilo chez Carrefour a, lui, bondi de 30 % depuis 2020, quand le prix de la boîte a augmenté de 4 %.
- Teisseire, pour sa part, a réduit le volume de son sirop de grenadine de 20 % en fin d’année 2019, de 75cl à 60cl. Son prix de vente au litre chez Carrefour a, lui, bondi de plus de 37 % depuis, tandis qu’à l’achat le prix d’une bouteille n’a augmenté que de 12 %.
Si la « shrinklation » n’a rien d’illégal dans la mesure où le poids net du produit est toujours indiqué sur l’emballage, permettant au consommateur de faire son choix en connaissance de cause).
Ce manque de transparence est inadmissible, car il induit consommateurs et consommatrices en erreur tant sur le format que sur le prix de produits qu’ils et elles ont l’habitude d’acheter .
estime Foodwatch
L’ONG a lancé une pétition pour demander aux industriels, mais aussi, tenez-vous bien, aux enseignes de supermarchés ( !) de « s’engager pour une information claire en face avant des produits, signalant ces changements de format ».
Pour exiger la transparence sur ces changements furtifs de formats et de prix :
Signer la pétition
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