La Corse est une destination touristique prisée avec de belles plages et de majestueuses montagnes. Souvent évoquée pour ses faits d’actualités, cette petite île fait face depuis quelques années à un fléau qui sévirait sur les étals des marchés et des supermarchés. Le touriste de la métropole, persuadé que c’est une spécialité insulaire en est friand. Alors quel est ce produit ? Voici… le saucisson d’âne !
Le saucisson d’âne ? Une vraie ânerie !
© CC asmorod
Touristes curieux, vendeurs opportunistes et une demande grandissante ont permis au business du saucisson d’âne de fleurir. Souvent sous les regards intrigués et les esprits indignés des habitants insulaires, les produits sont estampillés « Corse ». Les locaux s’en défendent pourtant de manière virulente, même plusieurs blog corses écrivent sur le sujet. Non, le saucisson d’âne n’est pas une spécialité du coin et encore pire, les corses ne mangeraient jamais de l’âne. Mais d’où vient ce mythe ?
L’origine de la légende touristique est difficile à déterminer. Cela pourrait être un coup des industriels qui face à la demande auraient commencé à vendre ces saucissons. C’est peut-être également une trop forte proximité avec la Sardaigne, qui commercialise la chair de l’âne en charcuterie. En tout cas, pour les corses c’est un coup dur, car dans la culture de l’île, les ânes sont des compagnons de travail respectés et affectueux.
Un saucisson à l’origine pas très corse
Non seulement le saucisson d’âne n’est pas un plat typique corse, mais ce n’est pas non plus fabriqué sur l’île. La viande serait originaire d’Amérique du Sud. Pour un produit garantit corse, aucune étape de la production à la finition n’est faite dans l’endroit spécifié.
Les charcuteries se retrouvent dans les étals des marchés et même dans les supermarchés en toute tranquillité. Ce qu’on peut voir derrière ça, c’est est un véritable problème de contrôle des produits de terroir. Pour les professionnels du milieu qui se donnent du mal à produire de la charcuterie « 100 % corse« , c’est un véritable combat.
Composition du fameux saucisson d’âne :
De la viande d’âne est présente mais en petites quantités, elle est associée à la graisse de porc. On peut retrouver cet aliment confectionné traditionnellement en Ardèche ou dans le sud de la France.
La seule solution pour sauver la charcuterie Corse : l’AOC
© CC Jean-louis Zimmermann.
Seuls quelques produits charcutiers ont pu recevoir une certification Appellation d’Origine Contrôlée (AOC) : le coppe, le lonzi et le prisutti. Parmi les produits non-certifiés, il reste entre-autres le saucisson au porc, qui subit une véritable concurrence avec le saucisson industriel. Le journal Corse-matin a fait part de chiffres alarmant pour le traditionnel savoir-faire insulaire : « 90 % de charcuterie estampillée corse » ne l’est pas vraiment et « moins de 10 % de la charcuterie insulaire est faite de façon traditionnelle« . Le reste proviendrait « de Chine, de Hollande ou au mieux de la Bretagne« .
Pour remédier à la demande croissante, l’industrie s’est développé, mais elle a une fâcheuse tendance à s’approprier l’esprit traditionnel et surtout les prix ! Alors le touriste qui veut un vrai produit du terroir a plutôt intérêt à connaître les bonnes adresses. Pour dénicher les charcuteries traditionnelles, il faudra aller voir du côté des AOC ou alors demander au producteur lui-même. Cependant une chose est sûre, le saucisson d’âne n’est pas Corse.
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La valeur nutritionnelle du saucisson