La République Tchèque a récemment annoncé qu’elle souhaitait ne plus voir se développer les énergies renouvelables sur son territoire. Une décision qui va faire du bruit. Voyons ce qui l’a amené à un tel rejet.
La Tchéquie, un pays exemplaire au sein de l’UE
Le petit pays d’Europe centrale passe pourtant pour un des bons élèves de l’UE en matière d’énergies renouvelables. L’Union Européenne lui a assigné un objectif de 13 % d’ENR dans sa consommation finale d’électricité pour 2020, un chiffre que ce pays d’Europe Centrale semble selon les experts bien parti pour atteindre : en 2005, seuls 5 % de sa consommation finale d’électricité étaient couverts par des énergies renouvelables, contre 9,4 % en 2012. On s’approche donc des 13 %.
Sachant que l’argent est le nerf de la guerre, la République Tchèque a mis en place en 2005 une loi de soutien financier pour atteindre son objectif européen. Cette loi propose aux producteurs d’énergie verte soit de leur acheter leur électricité à un prix fixe et relativement avantageux, soit de leur verser un bonus en sus du prix de marché.
Le dispositif instauré par la République Tchèque a été particulièrement efficace et les investisseurs y ont vu une bonne opportunité. La capacité verte installée (hors moyens de production hydrauliques) a été multipliée par quatre entre 2008 et 2012, pour atteindre 3 GW . Pour avoir un ordre de grandeur, la capacité de production d’un réacteur nucléaire est d’environ 1 GW : c’est donc comme si la République Tchèque disposait maintenant de l’équivalent de trois réacteurs nucléaires !
La République Tchèque dispose aussi de moyens de production hydraulique à hauteur de 2 GW, soit de l’équivalent d’environ 2 réacteurs nucléaires.
Trop cher, trop instable, trop peu efficace
Pourtant, le pays redoute depuis début 2010 la montée en puissance des énergies vertes, auxquelles il adresse deux reproches.
- Premièrement, d’être trop coûteuses à la collectivité.
- Et deuxièmement, d’être trop inefficaces en regard d’autres sources d’énergies.
A l’époque, le gouvernement avait décidé de réduire le tarif de rachat de l’électricité solaire, tout en les obligeant les investisseurs dans des panneaux solaires à prévoir financièrement le recyclage des leurs installations .
Peine perdue : entre 2008 et 2012, la capacité solaire installée a été multipliée par 12 . « Par conséquent, d’importantes ressources nouvelles, mais souvent sous-efficientes et instables, sont apparues sur le marché », fustigeait Martin Kuba, le ministre de l’énergie et du commerce, lors d’un discours tenu le 1er Mars 2013. Selon lui, les ENR provoqueraient de plus un renchérissement du coût de l’énergie, en raison du tarif subventionné dont bénéficient leurs producteurs, et aussi à cause de la nécessité d’adapter le réseau électrique à l’intermittence des ENR.
Le ministre tchèque justifie son argumentaire par des données chiffrées : en 2012, la centrale nucléaire de Temlín a produit 20 % de l’énergie tchèque, contre 2 % pour la filière solaire… alors que l’une et l’autre ont une capacité de production égale, de 2 GW. La faute à l’intermittence du solaire et au moindre rendement des panneaux.
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(1) La « capacité de production » est une grandeur physique de « puissance », qui mesure la quantité d’énergie qu’une installation peut produire à chaque instant. La capacité se mesure en Watt.
(2) La « production » est égale à la capacité de production multipliée par le temps passé à produire. La production se mesure généralement en Wattheures.