La présentation des réformes des retraites, initialement prévue le 15 décembre 2022, a été décalée au 10 janvier 2023 Pourquoi est-elle nécessaire ?
La prochaine réforme des retraites, repoussée au 10 janvier 2023, devrait reposer sur les constats faits par le Conseil d’orientation des retraites dans son dernier rapport. Que peut-on y lire ?
Retraites : la France dépense beaucoup, mais les retraités ne vivent pas bien pour autant
En l’absence d’une réforme des retraites, l’horizon s’annonce sombre tant pour les retraités eux-mêmes que pour le système des retraites en tant que tel. Premier constat : le niveau de vie des retraités continuera à être plus bas que celui des actifs, et ça va même s’empirer. En effet, en France les salaires progressent plus rapidement que les prix (même si cela n’a pas été le cas en 2021), alors que les retraites, elles, sont indexées sur les prix. Si en 2021 les retraités percevaient en moyenne 50,3 % du revenu moyen des actifs, d’ici 2040 la pension moyenne devrait s’élever à tout juste 32,6 % du revenu moyen des actifs, prédit le Conseil d’orientation des retraites (COR).
Et ce n’est pas comme si la France ne faisait pas d’efforts en la matière, bien au contraire : parmi les pays suivis par le COR, la France est le deuxième pays (après l’Italie) où la part des dépenses de retraite (publiques et privées) dans le PIB est la plus élevée. En plus, il ne faut pas oublier qu’entre 2002 et 2021, les dépenses du système des retraites ont augmenté de 2 % en moyenne chaque année. Cela, d’une part parce que le nombre de retraités augmente sans cesse (+1,7 % en moyenne chaque année), d’autre part parce que les retraites sont indexées sur les prix (+0,4 % en moyenne chaque année).
Emmanuel Macron annonce le report de la présentation de la réforme des retraites au 10 janvier © Frederic Legrand – COMEO
Retraites : avec un système par répartition, des réformes seront nécessaires régulièrement
Le versement des pensions restera donc un fardeau pour les caisses de retraite : en 2021, les dépenses du système des retraites s’élevaient à 13,8 % du PIB, et cette part devrait rester quasiment stable jusqu’en 2027, prédit le COR. L’horizon devrait s’assombrir encore après 2027 : le COR anticipe une forte contraction du PIB, ce qui ferait que les pensions de retraite pèseraient entre 14,2 % et 14,7 % du PIB.
Réforme des retraites : calculez l’état actuel de votre pension
Si le COR s’emploie à tous ces calculs, il ne dit pas le plus important : un système des retraites par répartition ne peut être pérenne par définition. Son vice fondamental réside dans le fait qu’un actif ne cotise pas pour sa future retraite en monnaie sonnante et trébuchante mais en points. (Les cotisations des actifs servent à la place à payer les pensions aux retraités actuels.) En d’autres mots, au sein du système des retraites, aucun retraité futur n’aura jamais de cagnotte en euros à son nom. Or, vieillissement de la population et chômage obligent, le nombre de cotisants par retraité continuera à diminuer. Avec un système par répartition, une réforme tous les 5, 10 ou 15 ans sera donc inéluctable pour ajuster les paramètres sur lesquels on peut encore jouer (durée de cotisation et âge de départ légal) pour ramener à chaque fois le système à l’équilibre.