45 millions de poussins mâles sauvés chaque année en Allemagne : le gouvernement allemand vient d’interdire le broyage des poussins mâles, imposant une alternative techniquement maîtrisée, la spectométrie. En France, la pratique du broyage est toujours permise. Jusqu’à quand ? La prise de conscience parmi les élus français est récente, mais bienvenue.
[Article mis à jour : août 2015]
Poussins mâles broyés : enfin les responsables politiques français se mobilisent
Le sort des poussins mâles interpelle enfin les députés et les sénateurs, issus de partis politiques divers : on trouve aussi bien Jean-Vincent Placé (EELV), Christophe Sirugue (PS), Jean-Noël Guérini (ex-PS) que Jean Lassalle (MoDem), Chantal Jouanno (UDI), ou encore Patrick Balkany (les Républicains) et Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France). Au total, plus de trente-cinq élus se sont mobilisés pour rédiger une question écrite à Stéphane Le Foll, le ministre de l’Agriculture, dont les services avaient indiqué « qu’ils allaient se pencher sur cette question, remettre à plat des normes de la mise à mort en dehors des abattoirs ». Sauf que rien ne s’est passé depuis novembre 2014.
Leur but est clair : s’inspirer du modèle allemand et « instaurer une détermination précoce du sexe dans l’oeuf pour éviter l’éclosion de poussins non désirés ». Brigitte Gothière, de l’association L214, s’en félicite, l’association ayant envoyé la vidéo clandestine prise dans un couvoir aux parlementaires : « Je pense que si les poussins les ont fait réagir, c’est que dans le milieu politique comme le grand public on est loin d’imaginer les réalités de l’élevage industriel aujourd’hui ».
Les responsables politiques français ne sont pas satisfaits de la première réponse du cabinet de Stéphane Le Foll, arguant que rien ne s’est passé depuis, et souhaitent obtenir des mesures réglementaires, qui pourraient s’appliquer dès 2017.
Vers une interdiction européenne des poussins mâles broyés ?
Dans bon nombre de pays, dont la France, on broie les poussins mâles pour des raisons de rentabilité.
Le principe est simple : si je suis un mâle, je meurs. Question de rentabilité.
Une petite vidéo pour mieux comprendre. Attention, images choquantes, enfants et personnes sensibles s’abstenir.
Les femelles peuvent pondre mais les mâles ne servent à rien dans l’industrie des oeufs. Comme le rappelle l’association L214, ils n’ont pas non plus le profil des poulets, étant issus des poules pondeuses, donc pas adaptés en terme de poids, ni de chair. Il est donc devenu très courant de tuer les poussins mâles en les broyant, les gazant ou les étouffant.
L’Allemagne premier pays au monde à interdire la pratique
La pratique est courante et mondiale. Le ministère de l’agriculture allemand a estimé que l’Allemagne seule, 45 millions de poussins mâles étaient broyés vivants. Le ministre de l’agriculture allemand, Christian Schmidt, vient d’annoncer que la pratique serait dorénavant interdite et remplacée par la spectrométrie, méthode proposée par l’Université de Leipzig. Il s’agit de déterminer le sexe des poussins à partir du 3ème jour de développement, de manière à empêcher leur naissance. L’Allemagne souhaite une mise en application dès 2016, avec une interdiction complète du massacre des poussins mâles en 2017.
En France ? 40 millions de poussins tués par an. Et on tue aussi les femelles
Dans l’Union européenne, le massacre est permis et réglementé par une Directive, qui exclut toujours la corrida et autres morts lors d’événements culturels (sic)(1). Elle prévoit une mort des poussins mâles par « utilisation d’un dispositif mécanique entraînant une mort rapide » et « exposition au dioxyde de carbone ».
En France, on note deux raisons principales de tuer des poussins. Durant la production de foie gras, on va tuer les canetons femelles, car leur foie est jugé trop nervuré et non utilisable. On abat environ 40 millions d’animaux par an. Durant la production d’oeufs pour la consommation, on tue plus de 40 millions de poussins mâles.
Une situation que dénonce également l’association L214, qui a adressé une lettre à Stéphane Le Foll et lance une campagne intitulée « Un animal, pas un déchet », incluant une pétition qui a déjà reçu plus de 77.000 soutiens. 100.000 minimum sont espérés.