Pour ou contre Notre-Dame-des-Landes ?
Samedi dernier, ce sont des centaines voire des milliers d’individus (selon les sources) qui ont clamé leur mécontentement quant au désormais surnommé « Ayrault-port ». Ecolo, agriculteurs, riverains ? Le fait est qu’il est impossible de dresser un portrait type du manifestant : les opposants au projet viennent de tout bord et ont toutes sortes de préoccupations.
Politiques, élus, riverains, ONG… tous contre
Photo : FABRICE ELSNER / 20 MINUTES
Chacun avec ses propres motivations s’oppose fermement au projet. Parmi eux, les riverains qui se sont regroupés au sein d’Acipa, association citoyenne intercommunale des populations concernées par le projet d’aéroport. Dès 2007, l’association comptait déjà plus de 3 000 adhérents.
En 2008, les propriétaires de logements situés dans la zone pouvaient bénéficier du droit de délaissement. Ainsi, l’Etat puis AGO, les Aéroports du Grand Ouest à partir de 2011, pouvaient racheter les biens au prix du marché, jusque 2 ans après la mise en service de l’aéroport. Fin 2010, sur 150 propriétaires concernés, 54 demandes ont été déposées et 29 acquisitions ont été finalisées. Aujourd’hui, Vinci affirme que 85 % des propriétaires ont accepté l’offre. Pourtant, nombreux sont encore les riverains à refuser purement et simplement toute offre avec des procédures d’expropriation sur les épaules.
Du côté des écologistes, c’est la destruction d’un important patrimoine naturel qui est mise en cause.
Un scandale économique et écologique dénoncé
Si la création de ce nouvel aéroport déchaîne les passions chez les ONG (La Ligue de protection des oiseaux, Greenpeace, Attac, Droit au logement, les anti-nucléaires, les altermondialistes…), c’est qu’elle induit la destruction du bocage de Notre-Dame-des-Landes. Celui-ci fait partie de la zone naturelle d’intérêt écologique, faunistique et floristique « Bois, landes et bocage » située au Sud-Ouest de la ville. Cela peut paraître paradoxal mais ce projet d’aéroport, dont les prémisses datent de 50 ans en arrière, a protégé la zone des dégâts de l’urbanisation et de pratiques agricoles intensives. Aujourd’hui, la zone abrite donc une biodiversité extrêmement riche. La construction de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes signe l’anéantissement de la zone à haut intérêt écologique et donc d’une biodiversité exceptionnelle.
Pour se défendre de mettre en péril l’écosystème, les porteurs du projet insistent sur les mesures compensatoires qu’ils comptent prendre, notamment en créant des haies bocagères, en reconvertissant des peupleraies en prairies naturelles et en transférant des espèces comme le triton marbré ou le grand capricorne.
En octobre 2008, l’Acipa a mis en place l’opération Citoyens Vigilants. Chaque jour, deux personnes stationnent en permanence devant des lieux symboliques nantais pour « dénoncer le gaspillage d’argent public et de terre agricole ».
Côté politique, tous les élus ne sont pas pour le projet. Les opposants se sont même rassemblé en collectif et ont, entre autres, financé une étude économique. Selon eux, le projet ne se justifie en aucun cas d’un point de vue économique.
Le développement économique d’une région en jeu
Les pro-aéroport avancent un nécessaire aménagement du territoire. Celui-ci compte en effet 6 millions d’habitants aujourd’hui. On en prévoit 1 million de plus d’ici 2030.
Du côté des promoteurs, on avance une augmentation de la fréquentation de l’aéroport actuel de 5,5 points par an. Le cap des 3,5 millions de passagers serait d’ores et déjà franchi cette année, alors qu’on estime le seuil de saturation de l’équipement à 4 millions de passagers. Notre-Dame-des-Landes pourrait accueillir 9 millions de passagers avec ses deux pistes.
Autre argument, et même le principal : le développement économique. Ce projet pharaonique d’un budget de 560 millions d’euros doit être en grande partie financé par le constructeur, Vinci. L’État prend à sa charge 125,5 millions d’euros et les collectivités locales 115,5 millions. Selon le Syndicat mixte d’études, le chantier serait créateur d’emplois, puisqu’il fournirait potentiellement 4 000 emplois directs et indirects. De plus, l’accroissement du trafic de l’aéroport pourrait générer 1 500 emplois directs supplémentaires sur la plateforme pour les activités aéroportuaires à l’ouverture et 9 000 emplois pérennes indirects et induits aux niveaux local, régional et national.
Pour l’Acipa, le budget représente plutôt 360 millions d’euros minimum d’investissement public engloutis pour rien…
Quel est votre avis sur la construction de l’aéroport ? Est-ce justifié selon vous ?
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Sur les aéroports :
Sources : Le Nouvel Observateur Notre-Dame-des-Landes : le front éclectique des antis, www.aeorport-grandouest.fr, http://acipa.free.fr ; Le Monde Notre-Dame-des-Landes, un aéroport pour le développement durable du Grand Ouest ; La Croix Notre-Dame-des-Landes, le choc des arguments
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