Global Bioenergies est une start up prometteuse, comme il en faudrait plus en France. Son projet est à la confluence de l’énergie, de la chimie et de l’écologie. Créée en 2008 par deux biologistes, Marc Delcourt et Philippe Marlière, cette société a commencé par mettre au point une manière nouvelle de fabriquer de l’isobutène (1) (convertible en plexiglas, pneus ou carburants) à partir de sucre. Cela lui a valu en septembre le prix Europabio 2012. Les premières usines utilisant ce procédé devraient voir le jour en 2017.
Bientôt des voitures fabriquées avec des plantes
Mais c’est sa seconde innovation,basée sur un principe similaire, qui semble la plus prometteuse.
Il s’agit de fabriquer du bioplastique. Plus précisément, il s’agit de produire du propylène à partir de végétaux.
Le propylène est un hydrocarbure gazeux dont on tire le polypropylène ou autrement dit du plastique ordinaire. Cette approche qui consiste donc à employer une chimie utilisant des matières premières naturelles renouvelables (les déchets de l’industrie du sucre par exemple) plutôt que les ressources fossiles et la pétrochimie.
Des bactéries transgéniques dévoreuses de déchets
La matière première est fournie par l’industrie sucrière qui se débarrasse de ses déchets (mélasse de canne ou de betterave).
Il peut aussi s’agir de la paille, de bois ou de résidus forestiers, ou bien encore de glucose extrait de l’amidon de blé ou de maïs. Des bactéries ont été reprogrammées pour les doter de la capacité de digérer ces déchets : ainsi le génome d’Escherichia coli retouché devient une usine à produire le gaz propylène qui sert à faire du plastique.
A Evry, les créateurs de Global Bioenergies imaginent que leur procédé pourrait permettre de fabriquer des voitures où le tableau de bord, le réservoir, le pare-chocs, … seraient en plastique végétal.
Cela concernerait 20 % du poids de la voiture et aiderait les constructeurs à rendre plus écologiques et recyclables leurs véhicules. Le marché potentiel pour le bioplastique est énorme : 68 milliards €. Car l’automobile n’est pas la seule concernée : l’industrie de l’emballage alimentaire pourrait utiliser ce bioplastique, tout comme celle des couches pour bébé, etc.
Mais il faudra attendre une décennie avant que cette manière de fabriquer du polypropylène soit industrialisée à grande échelle. L’importance du marché motive les investisseurs à franchir les dernières étapes de mise au point.